SAINT LOUIS MARIE GRIGNON DE MONFORT
1673-1716


Basilique de St Laurent sur Sevres

SAINT LOUIS MARIE GRIGNON DE MONFORT est né en 1673 à Montfort-sur-Meu. Il est ordonné prêtre le 5 juin 1700. Après avoir préché à Nantes, il rejoind l'hopital général de Poitiers où il est nommé aumonier. En 1703, il fonde avec Marie-Louise Trichet, l'institut des soeurs de la Sagesse Divine. Dès lors, ses actions vont créer des oppositions à cause de ses méthodes de prédication. Le 6 juin 1706, après une longue marche de plusieurs jours, il est reçu à Rome par le pape Clément XI qui approuve le but et la méthode de son activité missionnaire: le renouvellement de l'esprit chrétien par le renouvellement des promesses du Baptème. En 1712, il effectue des missions à l'Ile d'Yeu, Sallertaine, Saint Christophe du Ligneron, Mervent, Fontenay le Comte, Vouvant en 1715 et Saint Laurent sur Sévres en 1716, où il meurt épuisé. Son corps repose dans la basilique, devant l'autel de la Sainte Vierge..
Il est l'auteur du "traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge". La puissante dévotion mariale qui s'en dégage a fortement influencé le pape Jean-Paul II. Elle inspire aussi tout l'enseignement dispensé par les foyers de charité fondés par Marthe Robin et le père Finet.
SAINT LOUIS MARIE GRIGNON DE MONFORT a été béatifié par le pape Léon XIII en 1886 et canonisé par le pape Pie XII en 1947.

Missionnaire, Grignion de Monfort remontait la Seine dans une embarcation où se pressaient au moins 200 personnes, plaisantant grossièrement, chantant des chansons lascives. A peine engagé dans ce va-et-vient de maquignons et de harengères, M. de Montfort commence par ajuster son crucifix au bout de son bâton. Puis se prosternant, il s’écrie : "Que ceux qui aiment Jésus-Christ se joignent à moi pour l'adorer."
Des haussements d'épaules et des ricanements l'accueillent. Alors, se tournant vers le frère Nicolas : "A genoux, dit-i1, et récitons le Rosaire!" Sous une avalanche de quolibets, les deux hommes, tête nue, le visage recueilli, et calme, égrènent les Ave Maria. Le premier chapelet terminé, le Saint se lève et d'une voix douce invite l'assistance à s'unir à lui pour invoquer Marie. Personne ne bouge, mais les huées s'apaisent pendant que la prière commence. A mesure que se succèdent les invocations "Sainte Marie, priez pour nous, pauvres pécheurs" le visage du Saint se transfigure.
Lorsque sont achevées les cinq nouvelles dizaines, il y a dans son regard une telle supplication, dans sa voix tant d'onction et d'autorité que, lorsqu'il conjure l'assistance de réciter avec lui un troisième chapelet, tous tombent à genoux et répètent docilement ces suaves paroles, désapprises depuis l'enfance. Le saint prêtre peut se réjouir : d'un théâtre d'obscénités, il a fait un sanctuaire ; sur les lèvres accoutumées aux blasphèmes, il a ramené le nom de Marie.

PRIERE DE SAINT LOUIS MARIE GRIGNON DE MONFORT: Je vous choisis aujourd'hui, ô Marie, en présence de toute la Cour céleste, pour ma Mère et ma Reine ; je vous livre et consacre, en toute soumission, mon corps et mon âme, mes biens intérieurs et extérieurs, et la valeur même de mes bonnes actions passées, présentes et futures, vous laissant un entier et plein droit de disposer de moi et de tout ce gui m'appartient, sans exception, selon votre bon plaisir, à la plus grande gloire de Dieu, dans le temps et l'éternité.

Les dévots à la Sainte Vierge,
tiré du Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, par Saint Marie-Grignon de Montfort

Les dévots inconstants sont ceux qui sont dévots à la Sainte Vierge par intervalles et par boutades : tantôt ils sont fervents et tantôt tièdes, tantôt ils paraissent prêts de tout faire pour son service, et puis, peu après, ils ne sont plus les mêmes. Ils embrasseront d'abord toutes les dévotions de la Sainte Vierge; ils se mettront de ses confréries, et puis ils n'en pratiquent point les règles avec fidélité; ils changent comme la lune, et Marie les met sous ses pieds, avec le croissant, parce qu'ils sont changeants et indignes d'être comptés parmi les serviteurs de cette Vierge fidèle, qui ont la fidélité et la constance pour partage. Il vaut mieux ne pas se charger de tant de prières et pratiques de dévotion, et en faire peu avec amour et fidélité, malgré le monde, le diable et la chair.

Il y a encore de faux dévots à la Sainte Vierge, qui sont des dévots hypocrites, qui couvrent leurs péchés et leurs mauvaises habitudes sous le manteau de cette Vierge fidèle, afin de passer aux yeux des hommes pour ce qu'ils ne sont pas.

Il y a encore des dévots intéressés, qui ne recourent à la Sainte Vierge que pour gagner quelque procès, pour éviter quelque péril, pour guérir d'une maladie, ou pour quelque autre besoin de cette sorte, sans quoi ils l'oublieraient; et les uns et les autres sont de faux dévots, qui ne sont point de mise devant Dieu ni sa sainte Mère.

Prenons donc bien garde d'être du nombre des dévots critiques, qui ne croient rien et critiquent tout; des dévots scrupuleux, qui craignent d'être trop dévots à la Sainte Vierge, par respect à Jésus-Christ; des dévots extérieurs, qui font consister toute leur dévotion en des pratiques extérieures; des dévots Présomptueux, qui, sous prétexte de leur fausse dévotion à la Sainte Vierge, croupissent dans leurs péchés; des dévots inconstants, qui, par légèreté, changent leurs pratiques de dévotion, ou les quittent tout à fait à la moindre tentation; des dévots hypocrites, qui se mettent des confréries et portent les livrées de la Sainte Vierge afin de passer pour bons; et enfin des dévots intéressés, qui n'ont recours à la Sainte Vierge que pour être délivrés des maux du corps ou obtenir des biens temporels.

Après avoir découvert et condamné les fausses dévotions à la Sainte Vierge, il faut en peu de mots établir la véritable, qui est :
1° intérieure; 2° tendre; 3° sainte; 4° constante et 5° désintéressée

Premièrement, la vraie dévotion à la Sainte Vierge est intérieure, c'est-à-dire elle part de l'esprit et du coeur, elle vient de l'estime qu'on fait de la Sainte Vierge, de la haute idée qu'on s'est formée de ses grandeurs, et de l'amour qu'on lui porte.

Secondement, elle est tendre, c'est-à-dire pleine de confiance en la Très Sainte Vierge, comme d'un enfant dans sa bonne mère. Elle fait qu'une âme recourt à elle en tous ses besoins de corps et d'esprit, avec beaucoup de simplicité, de confiance et de tendresse; elle implore l'aide de sa bonne Mère en tout temps, en tout lieu et en toute chose : dans ses doutes, pour en être éclaircie; dans ses égarements, pour être redressée; dans ses tentations, pour être soutenue; dans ses faiblesses, pour être fortifiée; dans ses chutes, pour être relevée; dans ses découragements, pour être encouragée; dans ses scrupules, pour en être ôtée; dans ses croix, travaux et traverses de la vie, pour être consolée. Enfin, en tous ses maux de corps et d'esprit, Marie est son recours ordinaire, sans crainte d'importuner cette bonne Mère et de déplaire à Jésus-Christ.

Troisièmement, la vraie dévotion à la Sainte Vierge est sainte, c'est-à-dire qu'elle porte une âme à éviter le péché et imiter les vertus de la Très Sainte Vierge, particulièrement son humilité profonde, sa foi vive, son obéissance aveugle, son oraison continuelle, sa mortification universelle, sa pureté divine, sa charité ardente, sa patience héroïque, sa douceur angélique et sa sagesse divine. Ce sont les dix principales vertus de la Très Sainte Vierge.

Quatrièmement la vraie dévotion à la Sainte Vierge est constante, elle affermit une âme dans le bien, et elle la porte à ne pas quitter facilement ses pratiques de dévotion; elle la rend courageuse à s'opposer au monde, dans ses modes et maximes, à la chair, dans ses ennuis et ses passions, et au diable, dans ses tentations; en sorte qu'une personne vraiment dévote à la Sainte Vierge n'est point changeante, chagrine, scrupuleuse ni craintive. Ce n'est pas qu'elle ne tombe et qu'elle ne change quelquefois dans la sensibilité de sa dévotion; mais si elle tombe, elle se relève en tendant la main à sa bonne Mère; si elle devient sans goût ni dévotion sensible elle ne s'en met point en peine car le juste et le dévot fidèle de Marie vit de la foi de Jésus et de Marie, et non des sentiments du corps.

Cinquièmement enfin, la vraie dévotion à la Sainte Vierge est désintéressée, c'est-à-dire qu'elle inspire à une âme de ne se point rechercher, mais Dieu seul dans sa Sainte Mère. Un vrai dévot de Marie ne sert pas cette auguste Reine par un esprit de lucre et d'intérêt, ni pour son bien temporel ni éternel, corporel ni spirituel, mais uniquement parce qu'elle mérite d'être servie, et Dieu seul en elle; il n'aime pas Marie précisément parce qu'elle lui fait du bien, ou qu'il en espère d'elle, mais parce qu'elle est aimable. C'est pourquoi il l'aime et la sert aussi fidèlement dans les dégoûts et sécheresses que dans les douceurs et ferveurs sensibles; il l'aime autant sur le Calvaire qu'aux noces de Cana. Oh! qu'un tel dévot de la Sainte Vierge, qui ne se recherche en rien dans les services qu'il lui rend, est agréable et précieux aux yeux de Dieu et de sa Sainte Mère! Mais qu'il est rare maintenant! C'est afin qu'il ne soit plus si rare que j'ai mis la plume à la main pour écrire sur le papier ce que j'ai enseigné avec fruit en public et en particulier dans mes missions, pendant bien des années.

J'ai déjà dit beaucoup de choses de la Très Sainte Vierge; mais j'en ai encore plus à dire, et j'en omettrai encore infiniment plus, soit par ignorance, insuffisance, ou défaut de temps, dans le dessein que j'ai de former un vrai dévot de Marie et un vrai disciple de Jésus-Christ.

 

Pour en savoir plus: www.montfort.org/French/LifeLMfr.html#LifeTop

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