SAINT ZACHARIE ET SAINTE ÉLISABETH
fêtés le 5 novembre

 

Zacharie et son épouse Élisabeth, parents de Jean le Baptiste, sont des personnages bibliques de transition : ils appartiennent à la fois à l'Ancien et au Nouveau Testament. C'est par l'évangéliste Luc que nous les connaissons. Luc nous a rapporté la vision que le prêtre Zacharie eut dans la partie intérieure du temple appelée « le saint », où il offrait l'encens. Élisabeth était stérile, et un envoyé de Dieu, l'ange Gabriel, apparaît dans ce lieu au prêtre qui officiait, et il lui annonce la naissance d'un fils. Ce sera le futur Précurseur de Jésus-Christ. "J'ai été envoyé pour te faire connaître cette bonne nouvelle", dit-il.
A la suite de cette vision, Zacharie était devenu muet, et sourd, semble-t-il. Il le restera jusqu'au moment où l'on circoncira l'enfant. Punition pour n'avoir pas eu assez foi en la parole de l'ange, comme celui-ci le laisse entendre. Mais n'y a-t-il pas aussi, comme il en sera plus tard pour Paul qui devint aveugle sur le chemin de Damas, une sorte de retrait des sens s'effaçant pour que Zacharie puisse plus facilement intérioriser le message reçu d'en Haut? Lorsqu'il retrouvera l'usage de la parole, ce qui jaillira de son coeur plein, sera le cantique appelé Bénédictus, car il bénit Dieu pour son intervention dans la vie de son peuple, où commence à se réaliser le plan du salut pour tous les hommes.
Quant à Élisabeth, son chant d'action de grâce et sa joie, elle les avait exprimés lorsqu'elle était encore enceinte, lors de la visite de Marie, sa cousine (voir La Visitation ci-après). En attendant son enfant, comme la Vierge Marie, comme Zacharie, elle avait médité dans son coeur les merveilles accomplies par le Très-Haut. On nous dit, en en effet, qu'elle avait gardé le silence et la solitude durant cinq mois. N'est-ce pas ainsi que l'on peut interpréter ce retrait?
Que sont devenus ensuite Zacharie et Élisabeth ? Ils disparaissent totalement des textes sacrés. La légende a pris le relais, mais au-delà de ce qu'elle peut nous raconter, c'est encore le récit évangélique qui nous parle le mieux d'eux; Luc nous dit qu'ils étaient justes devant Dieu, et qu'ils suivaient irréprochablement tous les commandements du Seigneur. C'est le 5 septembre qu'ils sont fêtés dans l'Église orthodoxe.

 

LA VISITATION (fêtée le 31 mai)

Lors de l'Annonciation, Marie avait appris que celleci était enceinte. Voici, lui avait dit l'envoyé de Dieu, que ta parente Élisabeth vient, elle aussi, de concevoir un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle que l'on appelait la stérile. Aussitôt Marie se rend en hâte dans la ville où se trouvait la maison de Zacharie et de sa femme, parents du futur Jean-Baptiste.
Dans la tradition chrétienne on parle du "mystère" de la Visitation. En quoi ce récit très simple de la visite de Marie à sa cousine Élisabeth constitue-t-il un mystère de foi ? Pour comprendre, il faut élargir le sens habituel de ce mot. Tout, dans cette scène apparemment banale, baigne en fait dans une atmosphère surnaturelle, mystérieuse. C'est la présence de l'Esprit Saint que Luc mentionne avec insistance, qui "débanalise" tous les thèmes sur lesquels on peut méditer à partir de ce texte.
La visite de Marie n'est pas une simple visite de courtoisie. Elle relève d'une charité particulière, inséparable de la foi, animée d'un élan incomparable. Un Père de l'Église, saint Ambroise, a écrit : "L'aspérité des montagnes n'arrête pas le zèle de la Vierge, ni la longueur du chemin, tellement elle est désireuse de rendre service." La démarche de Marie dit aussi tout le mystère rédempteur et son incroyable humilité. "Il faut remarquer, ajoute le même auteur, que c'est le supérieur qui vient à l'inférieur pour que l'inférieur soit secouru: Marie vient à Élisabeth et le Christ à Jean".
Les textes choisis pour cette fête nous rappellent aussi que le christianisme est la religion de la joie, du bonheur parfait, même si actuellement nous ne sommes que des "apprentis joyeux et heureux". Marie et Élisabeth, ces deux femmes inspirées par l'Esprit, montrent que cette joie est essentiellement suscitée par l'accomplissement des promesses divines. Elles nous donnent également une image parfaite de la joie chrétienne. Élisabeth est heureuse de la joie de Marie. Marie est heureuse de la joie d'Élisabeth. La joie véritable est inséparable de la charité. Si on la cherche aux dépens du bonheur des autres, elle relève de la caricature. Elle est encore bien imparfaite si l'on ne cherche pas à la partager.

(D'aprés Marcel Driot, le Saint du jour - MEDIASPAUL)