La chronique de Vie-Eve
LA VOIE DE L'ENFANCE
Quand tout passe par le Cœur de Marie, tout devient limpide, lumineux, doux...
Je travaille auprès de personnes en soins palliatifs. Rien ne me prédestinait
à cela sauf peut-être les voies du Seigneur !
Je suis impulsive, vive, plutôt impatiente que patiente bref toutes les qualités
contraires de ce qu'il faut pour travailler dans ce genre de service... Et pourtant
!
Quand je travaille, je mets mon Cœur dans celui de Marie. Je lui laisse tout
pouvoir sur mes gestes, mes mots, mes intentions, mes soins... Je lui confie
tout simplement les rennes de ma journée, je me mets à son école. Et son école,
c'est la douceur, la patience, la charité, la compassion, l'amour. Je ne réalise
rien, j'en suis bien incapable.
Marie fait TOUT. Ma seule participation, c'est la laisser faire, Elle n'attend
que mon "oui", mon consentement, alors seulement, Elle agit à travers moi. Il
me suffit d'essayer de reprendre la barre du gouvernail pour me rendre très
vite compte que mon bateau coule !!!
Avec Marie, par Marie, c'est Elle la source qui coule, elle distille
tout l'amour nécessaire auprès de chaque vie qui m'est confiée, des vies qui
s'achèvent. Marie, porte du Ciel, ne m'a jamais fait défaut. J'ai toujours ressenti
Sa Présence au moment de tous les grands départs vers l'éternité. Elle prépare
mon cœur à l'avance qu'Elle enveloppe d'une grande paix, je peux ainsi prendre
dans mes bras, tout en douceur, la personne qui s'en va et prier Marie de l'accueillir
Elle-même.
Ce que je vis dans mon travail, j'essaie de le vivre dans ma vie de famille.
Chaque jour. Seule l'aide de la prière permet ce lâcher-prise, cet abandon filial.
Quel repos de l'âme !
Notre nature humaine ne se plie pas facilement à la grâce, je suis bien placée
pour le savoir vu mon tempérament, mais La Gospa nous invite à prier, prier
sans cesse pour justement être dociles à La Grâce.
Thérèse de Lisieux nous enseigne la petite voie de l'enfance, n'est ce pas ce
que Marie à Medjugorje nous invite à faire : poser nos cœurs parfois bien fatigués,
blessés sur le Sien si maternel qui ne veut que notre bonheur ?
Quel enfant ne rêve pas d'être porté dans les bras de sa maman ? Tous nous aspirons
à retrouver ces germes de notre enfance, au plaisir de nous laisser bercer...
Il n'est jamais trop tard de venir nous reposer sur le Cœur de Marie, nous abandonner,
reprendre des forces, nous faire consoler... Le Cœur Miséricordieux de Jésus
n'est jamais loin ! Prions, prions, n'arrêtons pas jusqu'à ce que nous ayons
trouvé notre porte de sortie intérieure et retrouver Marie qui se languit de
ses enfants. Vie-ève. Geneviève
LE CHAPELET...ces petits grains que Marie nous invite à égrainer...
Il y a quelques temps , je m'occupais d'une religieuse mourante (mourante depuis des années !!! mais l'heure du Seigneur n'arrivait toujours pas malgré de nombreuses alertes ! mystère du retour du Maître).
Entre une multitude d'affections gravissimes, elle cumulait aussi des pertes de mémoire mais conservait un sens de l'humour et de l'a-propos sans pareil!
Parfois, elle était désespérée car elle ne se souvenait plus des "je vous salue Marie" qu'elle récitait pourtant depuis tant et tant d'années (elle était religieuse depuis plus de 60 ans !)...son humour ne l'empêchait pas alors de piquer une colère de découragement !
Je m'installais près d'elle (elle était grabataire) et je méditais les mystères avec elle. Comme de surcroît, et oui, elle était très sourde, j'ar-ti-cu-lais le mieux possible pour qu'elle suive sur mes lèvres chaque AVE.
Cependant à CHAQUE fois, à CHAQUE fin de TOUS les "je vous salue Marie", j'avais à peine dit "priez pour nous pauvres pécheurs", qu'elle s'écriait de toutes ses forces en jubilant "MAINTENANT A L'HEURE DE NOTRE MORT ET C'EST POUR BIENTOT!!!!"
Malgré l'habitude de prier avec elle, j'étais toujours surprise de cette soudaine vitalité et explosion de joie que lui procurait cette dernière phrase ponctuée de son "et c'est pour bientôt!". Nos méditations, même les mystères douloureux, je l'avoue sans honte et sans regret, prenaient une connotation humoristique peu banale.
Cette petite soeur de plus de 90 ans, que je pouvais porter dans mes bras tant elle était émaciée, me communiquait TOUT SON DESIR DU CIEL et de rejoindre son SEIGNEUR. Quand effectivement, elle a enfin rejoint son Epoux céleste, je l'ai imaginée utilisant chaque grain de chapelet pour gravir les marches du Paradis et aidée de Marie en sauter quelques unes à chaque "et à l'heure de la mort car ...c'est maintenant !!!
La morale de cette histoire réelle : Quand Marie nous invite avec tant d'insistance
à prier le Rosaire, c'est son Coeur de Mère, soucieuse de nous donner le moyen
le plus sûr de trouver la paix, LA JOIE, à tous les instants de notre vie même
"à l'heure de notre mort", Marie porte du Ciel.
Alors prions prions car nul ne sait l'heure...
VRAIS MOTS POUR VRAIS VOEUX
Nous souhaiter la bonne année, sainte année ajoutons nous parfois, échanger
les vœux traditionnels… rien d'anormal et pourtant que mettons nous dans cet
échange Renouvelé chaque début janvier ?
Quelle est la part des mots faciles prononcés en l'air et ce que nous souhaitons
vraiment pour chacun et pour nous-mêmes.
Cette année, j'ai dans le cœur de ne rien dire des formules banales, rien anticiper
sur ce que pourrait être cette année 2008. Je veux juste m'arrêter sur l'instant
présent, sur cette seconde qui passe et qui a déjà son existence propre et dans
laquelle je veux y inclure la Présence Divine.
Je ne veux rien extrapoler de ce que sera cette année, je ne sais pas ce que
l'heure qui vient me réservera. Faut il pour autant renoncer à la tradition
des vœux qui permet de reprendre parfois contact avec des amis, des membres
de la famille ?
Non bien sûr, mais peut-être donner un sens profond à nos mots, à nos souhaits
en les faisant passer par le Cœur de Marie pour qu'ils sonnent justes, vrais,
sincères et que nous mesurons de la portée de ce que nous souhaitons, de ce
que nous disons tout simplement, parfois trop vite sans réfléchir.
Souvent les formules les plus banales, même dans la plus jolie de toutes les
cartes, peuvent faire mal, blesser parce qu'écrites, jetées sur le papier sans
âme, sans réelle affection, sans conviction aussi.
Marie nous invite à la prière continuelle, là aussi, cela ne veut pas dire mâcher
des mots les uns derrière les autres, mais les faire passer par le plus profond
de notre être. Heureusement que Notre Mère du Ciel est indulgente avec ses enfants
de la terre et que son Cœur de Maman s'émeut de nos récitations, nos prières
méthodiques ou mécaniques. Elle sait bien que nous sommes pauvres et sans doute
s'attendrit Elle devant nos difficultés comme toutes les mamans de la terre
devant leurs petits qui commencent à articuler et sans cesse répètent les mêmes
mots jusqu'à leur juste prononciation.
Marie a ce cœur de Mère, mais quel enfant ne voudrait pas faire plaisir à sa
maman et lui offrir un beau bouquet de prières bien dites, bien pensées de tout
son cœur de petit enfant en se jetant dans les bras de cette maman tant aimée.
Aimons nous Marie autant que nous souhaitons mécaniquement nos vœux de bonne
année ou bien sommes nous capables d'aimer en vérité et prononcer nos mots avec
autant d'amour qu'il nous est possible de donner ?
Les vœux que je voudrais faire à chacun ce sont ceux là, ne pas parler à la
légère, ne pas aimer à la légère, mais faire tout passer par le Doux Cœur de
Marie et peser chacun de nos mots écrits, prononcés pour qu'ils sonnent juste,
vrai, que nos mots soient des mots qui relèvent, qui encouragent, qui consolent,
qui remercient, de beaux mots qui témoignent de l'Amour de Marie à travers nous
pour tous.
Que Marie nous apprenne le don du " mot " pour la gloire de Dieu et la Joie
de Son Fils. Sainte année en verbes, en mots, en phrases, en paroles par la
Voix de Marie en nous. (12.01.2008)
LA LUMIERE ET L'OMBRE DE LA CRECHE (23/12/2008)
Chaque jour, Esther a donné de son temps, de son énergie débordante
aux malades dont elle avait la charge. Elle distribuait sourire, affection,
prévenance sans jamais se lasser.
Toujours prête à toutes les sollicitations dans ses autres activités pour lesquelles
elle s'était engagée de toute son âme, pour faire plaisir, elle ne refusait
jamais de donner de son temps, de sa disponibilité, et parfois même au-delà
de ses limites.
Toujours sur tous les fronts à la fois, au travail, dans le bénévolat, auprès
des siens dans sa famille, elle ne calculait ni son temps, ni ses forces dépensées.
Elle avançait dans la vie sans avoir jamais appris le mot " non ".
Mais, petit à petit, Esther ressentit des douleurs, des fatigues qu'elle n'arrivait
plus à récupérer. Son rythme ralentit, sa vitalité s'amenuisait. De jour en
jour, elle sentait son corps devenir son ennemi. Sans cesse, il se manifestait
violemment et douloureusement.
Combattive, Esther, résista, lutta pour donner le change, pour continuer son
travail, ses engagements, ses multiples activités, pour répondre toujours "
présente ", toujours " oui " à tous et à toutes.
Puis Esther dût s'arrêter, son corps, trop douloureux, trop enraidi, ne parvenait
plus à avancer, à tenir le rythme imposé depuis bien longtemps... Se rendre
à l'évidence, admettre ce qui lui semblait impossible, Esther n'en pouvait plus
! Elle avait tout donné, trop donné !
Habitués à une Esther toujours active, toujours pleine d'énergie, ses collègues, ses amis, ses proches… ne comprenaient rien à cette Esther souffreteuse qui déclinait subitement les propositions, ralentissait les cadences, ne répondait plus aux sollicitations pour donner les habituels coups de main… Esther prenait conscience que ses bras, son corps… disaient " non " alors que sa tête voulait dire " oui " ! Rude combat intérieur ! Rude réalité !
Rude réalité aussi de constater l'incompréhension, l'impatience parfois, de ceux à qui désormais il fallait répondre " non, je ne peux pas ! " Et même le " En tout cas, pour l'instant, cela ne m'est pas possible ! " semblait agacer les habitués du " oui, sans problème, je viens, je fais cela tout de suite… ! ". Dur apprentissage de l'indifférence !
Rien ne se vit par hasard, Esther découvre les limites d'elle-même
et les limites humaines des autres ! Dans les deux cas, il lui faut les accepter
non pas dans la résignation ou la colère mais dans la foi ! La petitesse, la
faiblesse, la vulnérabilité font partie du plan de Dieu ! Jésus, nouveau-né
dans une étable, est là pour le lui rappeler.
On peut passer devant la crèche et rester indifférent à cet enfant né si misérablement.
On peut aussi s'y attarder et tenter de saisir ce qu'il a à nous dire de nos
propres misères et de la misère de tous nos frères en humanité. Jésus ne s'est
pas incarné en " surhomme ", Esther comprenait qu'elle ne pouvait pas être une
" surfemme ", l'incapacité à vouloir tout faire apprend aussi l'humilité ! S'accepter
petit, plein de faiblesses et de fragilités, vulnérable aux aléas de la vie,
un jour en pleine forme, un autre jour affaibli par la maladie ou l'accident
inattendu ! Un jour riche, un jour pauvre ! Un jour jeune, un jour vieux ! Un
jour en pleine gloire, un jour rejeté par les siens !.....
En épousant notre humanité, en vivant tous ces hauts et ces bas durant sa vie, de la crèche à la croix, Jésus nous a enseigné tout cela. Et au-delà, c'est à la confiance qu'Il nous invite ! La confiance et l'abandon tel le tout petit enfant qui nous attendrit malgré son berceau d'infortune dans l'étable de Bethléem !
Vie-ève