VELANKANNI
(Inde)
(1580)
Notre Dame de la Bonne Santé
A la fin du XVIe siècle, vers 1580, à Velankanni, il y avait un petit étang et sur sa rive un immense bananier. Les passants s'arrêtaient pour s'y baigner, car cette région est chaude.
Passe un jour un jeune garçon. Il portait du lait à la maison de son maître, dans la ville voisine de Nagapattinam. Il faisait très chaud et ses pieds nus ne pouvaient le porter plus loin. Il était fatigué et assoiffé. Il étanche donc sa soif à un bassin proche de l'étang, se couche à l'ombre du bananier pour réparer ses forces et tombe vite dans un profond sommeil.
Soudain il est saisi par la lumineuse vision d'une belle dame. Elle est là, devant lui, tenant un enfant dans ses bras. Il est fasciné par sa beauté. Jamais il n'a rien vu de tel. C'est une beauté du ciel. La figure de l'enfant est lumineuse comme le soleil couchant. La tête de la femme et celle de l'enfant sont entourées d'un halo lumineux. Le jeune berger, profondément ému, est saisi d'une crainte révérencielle. En toute innocence, il bat des mains en inclinant la tête avec respect.
La dame lui adresse un sourire maternel et lui demande:
- Donne-moi du lait pour mon enfant.
- Comment sait-elle que je transporte du lait, se demande-t-il, et comment puis-je disposer de ce lait qui appartient à mon maître ?
Il ne trouve point de réponse à ces questions mais son bon coeur est le plus fort: il ne peut refuser. Il donne, du lait à cette femme et se dit:
- Je trouverai bien une excuse auprès de mon maître. Et c'est joyeusement qu'il tend son récipient. Il reprend sa route vers Nagapattinam avec ce qui lui reste (lui semble-t-il) de son pot de lait. Il rapporte l'étrange aventure à son maître, avec les raisons de son retard, et l'implore:
- Excusez-moi pour le lait manquant.
Là-dessus, ils ouvrent le pot de lait: celui-ci est rempli jusqu'au bord.
- Mon maître ne va pas me croire, se dit le jeune berger, et il réitère avec véhémence son récit pour le convaincre.
Oui, il a bien vu cette dame avec son enfant et il lui a donné du lait. Le maître, perplexe, se laisse convaincre. Bien plus, il se rend avec le jeune serviteur à Velankanni, près de l'étang. Et tous deux se prosternent sur le sol avec respect, au lieu indiqué par l'enfant. Ce fut le tout premier pèlerinage.
L'événement se répandit à la "vitesse du feu", selon la tradition de Nagapattinam et des environs.
- C'est la Sainte Vierge avec l'Enfant Jésus affirma-t-on très vite, avec joie et révérence. Notre Mère a daigné nous visiter!
Depuis lors, ce lieu est connu sous le nom de Matha Kulam : l'étang de Notre Dame. Des millions de pèlerins le visitent avec foi et respect et y sont exaucés. Beaucoup guérissent.
Quelques années après, mais encore à la fin du XVIe siècle, vivait, dans le même village de Velankanni, une pauvre veuve. Son fils était boiteux. Elle l'envoyait sur un monticule, près de la route, à l'ombre du bananier géant dont les branches se déployaient au lieu-dit Nadu Thittu. Les voyageurs fatigués qui passaient achetaient du babeurre (butter milk) au jeune boiteux.
Un jour il est là, comme d'habitude, mais les clients se font rares. Il fait trop chaud et il n'y a personne sur la route. Comme il s'en inquiétait, voici que se présente devant lui une dame d'une incomparable beauté. Elle porte un merveilleux enfant. Elle approche en souriant et demande au jeune boiteux une tasse pleine de babeurre. Il est tout heureux de servir une si merveilleuse cliente et lui donne une grande tasse à boire. Et voici qu'elle le regarde avec pitié, d'un tendre regard maternel qui le guérit.
Il est tellement heureux de la voir qu'il ne se rend même pas compte du changement
- Va donc à Nagapattinam lui dit-elle. Il y a là un catholique fortuné. Demande-lui de bâtir ici une chapelle en mon nom, à Vailankanni.
Tout confus, le garçon réplique:
-Mais aller à la ville c'est impossible, je suis trop infirme si l'on ne m'aide pas pour marcher.
Elle l'invite à se lever, et c'est alors qu'il constate sa guérison. Il se met à courir à toutes jambes vers Nagapattinam.
Il rencontre le bienfaiteur catholique et lui révèle le message de Notre Dame. Ce dernier ne fait aucune difficulté pour le croire, car il eu de son côté une vision analogue de Notre Dame, la nuit précédente, durant son sommeil. Il avait déjà l'idée de bâtir une petite chapelle à Vailankanni en son honneur. Il accompagne le jeune garçon au lieu de l'apparition et, avec une large coopération populaire, une première petite chapelle est édifiée. On y amène une belle statue de la Vierge à l'Enfant et on la place sur l'autel.
Très vite, chrétiens et non-chrétiens affluent. Il se produit d'autres guérisons si bien qu'elle est invoquée jusqu'à ce jour sous le nom de Notre Dame de la Bonne Santé (Velankanni Aroquia Matha).
(D'après l'abbé René Laurentin - Chrétiens Magazine n°145 décembre 2001)