TEMOIGNAGES

Sa vie n'aura été qu'une marche incessante pour le Christ, avec le Christ, comme le Christ (Jean Joseph de Bois)

"Que de fois elle nous disait que l'intercession du Père Boiteau auprès de Dieu était très efficace. Le Seigneur ne refuse pas d''exaucer la prière de ce saint homme qui lui était tout dévoué et faisait beaucoup de mortifications." (France Rivière à propos de sa maman)

Nous l'appelions « Saint Popaul »... Et l'expression, avec la justesse amicale ou malicieuse des surnoms de collège, le peint tel que nous le voyions alors, entre treize et vingt ans, évidemment marqué déjà de la vocation des Saints, mais demeurant le camarade bon et simple et gai qu'on pouvait appeler « Popaul ». Il était à nos yeux « le Saint », non, comme il arrive à l'âge des premières et souvent éphémères exaltations mystiques, parce qu'il affichait des exigences de vertu pour les autres, ni parce qu'il nous tenait de religieux discours...
Il ne donnait pas de leçon. Il ne prêchait que d'exemple, cette forme souveraine de l'éloquence, la seule efficace en bien des cas. Ainsi, restait-il, et devait-il demeurer plus tard dans notre souvenir, quand la vie nous aurait séparés, « Saint Popaul »
Popaul, le très bon, le serviable et le charmant camarade. Mais aussi le Saint à nos yeux et dans notre langage d'enfants ou d'adolescents, le Saint parce que, manifestement, il vivait dans la grâce de Dieu, œuvrait en elle, aimait en elle ; se sacrifiait en elle, et se préparait à la porter là où Dieu voudrait...
C'était une grâce que son amitié. Nous le comprenons mieux aujourd'hui, sans doute. Mais, nous le sentions déjà, au temps de notre jeunesse étourdie, quand nous l'appelions « Saint Popaul » ..
. (Pierre Dumaine)

« Le chemin que désirait prendre le Père Boiteau n'était autre que celui du Christ en marche, jour après jour, vers Jérusalem. Ce chemin il ne l'avait pas choisi. Jésus le lui avait indiqué (...) Aucune souffrance ne l'aurait arrêté dans son élan vers les sommets de la joie évangélique, faite de croix et de résurrection. »(Père Jean Hoareau)



Marie-Françoise PAYET, à l'Entre Deux, est l'une des dernières brodeuses au point de Cilaos.
Elle est née à Ilet à Corde, c'est le Père Boiteau qui l'a baptisée en 1927 ( http://r.boiteau.pagesperso-orange.fr/2010-09reunion.htm )
"C'est un saint! répète-t-elle. Chaque semaine il montait au village par les cordes, et rendait visite à chaque famille."

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Henri HOAREAU «Je suis né le 07 juillet 1920 à Cilaos. Cette date est d'une grande importance pour moi car mon père est né un 7 juillet, et le Père BOITEAU a rejoint la maison du Père en odeur de sainteté le 7 juillet 1947. Ces dates ont de quoi interpeller. En 1928, je n'ai que 8 ans, et, avec mes camarades, j'aurai le plaisir de faire la connaissance du nouveau prêtre qui sera présenté par le Père Mage, directeur du petit séminaire. Ce prêtre n'est autre que le Père BOITEAU. Le Père Mage d'un air amusant demande aux enfants leur préférence : le Père BOITEAU ou lui-même ? A l'unanimité et remplis de joie ils acclament le Père BOITEAU. C'était l'époque dure, difficile, pendant laquelle la société ne vivait pas dans l'abondance. J'allais à l'école pieds nus jusqu'à l'âge de treize ans. Ceux qui étaient reçus au certificat d'étude et dont les parents avaient les moyens allaient aux écoles (collège). Les autres commençaient déjà le travail en journée. Pour mon premier rendez-vous avec mon patron, papa m'avait prêté un de ses pantalons, de façon à paraître comme un « granmoun » (personne mûre) et à être embauché comme manœuvre.»
Henri HOAREAU a travaillé au Grand Hôtel, à la poste, à l'école des garçons. Il a ensuite travaillé sur l'église dès le début de la construction le 16 juin 1937. Entre temps, puisque le matériel manquait, il a travaillé chez les particuliers, puis à la commune.
Sa première communion, sa confirmation, son mariage ont été célébrés par le Père BOITEAU.
Alors qu'il travaillait dans le chœur de l'église pour adapter la charpente, à 13 H, en essayant d'enlever un morceau de bois dans le béton avec une barre à pince, utilisant les deux mains et en équilibre, un geste fatal a provoqué sa chute du haut du chœur à la fosse, d'une hauteur estimée à 4 ou 5 mètres. Par miracle, il atterrit la tête entre deux grosses roches. Il dit lui-même : « J'ai su tomber ! » Sans connaissance, il a été pris en charge « comme une balle de riz » puisque inanimé. Porté comme assis dans un fauteuil, il a été emmené chez ses parents, accompagné du Père BOITEAU. Un médecin arrive, le consulte et décide de l'hospitaliser car la blessure est trop importante. « II faut lui couper le bras, dit ce médecin. » La mère en pleurs, voyant l'état de son fils, est totalement désemparée. Suite au diagnostic du médecin, les parents s'opposent à l'amputation, puisque son papa déjà pensait pouvoir faire face avec des compresses et des plantes. Le Père BOITEAU resta toute la nuit auprès du jeune Henri. Chapelet en main, bréviaire sur les genoux, il y eut beaucoup de prières et de moments de silence.
Le lendemain matin, à la surprise générale, il n'était plus question d'opération, ni de soins particuliers. Le jeune Henri était presque prêt pour retourner au travail. Pourtant, la veille, le bras n'était qu'une peau distendue.
Cette expérience a fait grandir chez lui une telle admiration pour ce prêtre qu'il n'en finit pas de remercier, de prier, de vénérer. Si bien que tous les soirs, depuis de nombreuses années, vers 17 H 30 - 18 H, il se rend sur la tombe.
En fermant les yeux, il revoit encore le Père BOITEAU sillonner les sentiers de Cilaos et de ses écarts pour rendre visite aux malades, pour célébrer les messes. Il revoit encore ce prêtre à l'occasion de vêpres, pendant lesquelles il semblait être porté par le bon Dieu ou encore quand il prêchait... C'était pour lui le bon Dieu. (Il y a 60 ans, il nous quittait-2007)

TEMOIGNAGES figurant dans l'ouvrage "Le père Boiteau, il y a 50 ans il nous quittait pour le Ciel" (Association Réunion Média Saint Denis)


 

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