A l'école du Père BOITEAU

"Mon Dieu, je souffre, mais je sais que vous avez souffert pour moi, et plus que moi, vous qui n'étiez pas obligé de souffrir."

AMOUR POUR AMOUR
"SAINT POPAUL"

Son regard vous transcende, et ses paroles, trois mots, fustigent, interpellent. " Je t'aime, Dieu t'aime " semble nous dire le Père Boiteau, au travers d'un visage rayonnant d'amour, figé à jamais sur une photographie posée au dessus de sa tombe, dont le regard paraît à la fois vous fixer et à la fois l'élever vers le Ciel.

A bien le regarder, il semble même sourire.

Se rendre sur la tombe du Père Boiteau, dont on a pu entendre qu'elle est miraculeuse, aux confins presque de la Réunion, au pied des principaux sommets de l'Ile qui sont le Piton des Neiges, le Grand Bénare, le col du Taïbit, le Bonnet de prêtre, le Gros Morne, les trois dents de Salazes, et le Dimitile, en empruntant une route tortueuse, parfois étroite et dangereuse, relève d'une petite prouesse pour les non initiés aux routes de montagnes.
Dans des temps reculés, où les habitants de Cilaos ne connaissent pas encore les progrès techniques de notre civilisation, - pour certains, le connaissent-ils encore aujourd'hui ? - le Père Boiteau en fit d'avantage pour porter la Parole et l'Amour de Dieu, réconforter les malades et apporter de l'aide aux plus démunis. Ainsi, d'îlet en îlet(1) , bravant souvent les variations constantes du climat, le froid, la pluie, mais aussi la chaleur torride au zénith, l'homme d'église que l'on appelait déjà "saint", saint Popaul l'avait-on surnommé, n'hésitait pas à se déplacer à pieds sur des chemins escarpés du cirque, pour atteindre la brebis perdue ou l'orphelin de l'humanité, au milieu d'une nature austère que reflète une montagne abrupte, mais belle, merveilleuse, grandiose, face à laquelle on se sent écrasé, tout petit devant le Créateur.

Si l'on destine ses vacances à la Réunion, pour le soleil, la mer, les plages, les lagons, Cilaos n'est pas l'endroit le mieux adapté à ce choix.
Situé sur un plateau, à l'intérieur d'un des merveilleux cirques de l'Ile, le village de Cilaos auquel se rattachent de nombreux îlets en contrebas, à l'image du pays, métissé, qui comme son nom le sous entend, réunit toutes sortes de variétés, (typographique, climatique, végétale, animale..), propice, par son relief, aux randonnées pédestres, nous transporte de prime abord dans les montagnes des Pyrénées ou des Alpes. La particularité d'une pluviométrie abondante, de part la présence du Piton, "capteur", généralement couvert de nuages, engendre de nombreuses cascades et de cours d'eau qui rehaussent l'attrait pour le paysage. Après les Thermes, aux vertus thérapeutiques, établies grâce à la provenance d'eau chaude d'origine volcanique, Cilaos trouve sa renommée dans une eau minérale pétillante. Mais ceux qui auront connu le Père Boiteau, aimé pour son surcroît d'amour, se seront attachés d'avantage et plus particulièrement à boire à la Source de l'Eau Vive, qu'il aura suscitée, celle où l'on n'a jamais plus soif.

A la question de Jean Paul II, doublée d'une affirmation, "Dis moi quel est ton amour, je te dirais qui tu es !", le Père Boiteau pourrait très bien illustrer le propos.

"Amour pour Amour", c'est en ces mots que le Père Boiteau traduisait la certitude qu'il était "aimé du plus grand amour possible" par Jésus. Dès lors, il s'agissait pour lui de rendre au Christ " amour pour amour ", a écrit Mgr Gilbert Aubry(2) , Evêque de la Réunion, en s'engageant à " accomplir toujours ce que l'Esprit-Saint lui faisait voir de plus parfait ", comme en témoigne une prière retrouvée sur lui, dans son portefeuille, après sa mort :

O Jésus qui m'avait aimé du plus grand amour possible, qui avait souffert pour moi infiniment plus que ce n'était nécessaire pour me sauver, pour vous rendre amour pour amour, pour convertir les païens et les pécheurs, je m'engage sous peine de châtiment à accomplir toujours ce que votre Esprit-Saint me fera voir de plus parfait. Je vous demande de me punir chaque fois que j'aurais manqué à cet engagement. O Marie ma bonne mère, c'est uniquement sur votre intercession que je compte pour pouvoir tenir cet engagement

DECRYPTAGE de la volonté du Père Boiteau, de son engagement, par Mgr Aubry
"... Nous avons affaire à un passionné, à un contemplatif actif. Il a compris que l'amour du Christ pour lui n'a pas de limites. Dès lors, il prend au sérieux le commandement de son Maître et Seigneur : " Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait " (Mt 5,48). Et la perfection de son amour pour Dieu se réalisera dans la mesure où il conduira les autres à leur propre perfection en Dieu. Il se fatigue à lutter, avec l'énergie de l'Esprit-Saint qui agit en lui avec puissance. La souffrance s'inscrit dans sa chair. La passion du Christ est son lot quotidien. La résurrection de Jésus est sa force pour la marche en avant. Marie… son étoile !

Lorsqu'il (s) " engage sous peine de châtiment ", lorsqu'il demande à Dieu de le " punir " chaque fois qu'il aura manqué à son engagement… sa spiritualité nous fait grincer des dents. Au fond, il a conscience d'être de la même étoffe que les pécheurs. Il sait qu'il peut dévier et se perdre. Il a besoin d'être sauvé pour aider les autres à se sauver. C'est sérieux le " salut de l'âme ", c'est-à-dire de toute la personne dans la vie de l'Esprit et pour l'éternité. Que toute la vie soit digne de Dieu ! Alors, il a une immense confiance en son Père des Cieux à qui il demande de le corriger pour qu'il ne se perde point. C'est finalement la prière du psalmiste : " Seigneur, châtie-moi sans colère, corrige-moi sans fureur " (Ps 6). Le Père peut corriger son enfant par amour pour le conduire à la perfection de l'amour.

Paul Boiteau manifeste une acuité spirituelle exceptionnelle. Prophétique. Isolé au cœur du cirque de Cilaos, sans route ni électricité, sans journaux, sans radio ni télévision évidemment, dans un rythme de vie tout proche de la nature. Il dépiste ce qui défigure l'image de Dieu dans cette population qui lui est confiée. En pasteur zélé, il porte une attention spécifique à chaque catégorie de la population, enfants, femmes, hommes, catéchistes, membres des chorales...

Quel combat spirituel ne mènerait-il pas aujourd'hui pour arracher nos contemporains à l'affadissement et à la perversion de la vie humaine par les séductions du Malin ? Son exemple nous décape. Nous tous. Mais surtout, nous les prêtres qui devons, comme lui, nous engager à fermer les portes de l'enfer et à ouvrir celles du paradis : " Vivre tout instant dans l'amour du Christ, de l'Eglise et de (nos) frères ".

Les kilomètres parcourus à pied, avec un silice dans ses chaussures, deviennent participation à la croix glorieuse de Jésus sauvant par la puissance de sa résurrection. C'est aussi une manifestation du plus grand amour vis-à-vis de ces pauvres qui n'ont pas d'autre moyen de locomotion que leurs propres pieds. Un jour, le Père Boiteau arrive pieds nus chez des amis : " Mon Père, vous n'avez pas de souliers ? - Je les ai donnés à quelqu'un qui était fatigué et qui en avait besoin ". Paul Boiteau je l'appellerai volontiers Paul de la Croix. Il actualise par sa vie toute donnée et suppliciée la passion de Jésus pour le salut du monde. Passion : souffrance et amour à la fois. Souffrir pour le triomphe de l'amour, faire triompher l'amour par la souffrance des autres… souffrance accueillie, assumée et offerte dans les souffrances de Jésus. Lier inséparablement la souffrance du frère rencontré et la souffrance de Jésus c'est vivre avec le cœur brûlant de compassion du Fils de l'homme qui est en même temps Fils de Dieu. Et le cœur de Jésus, " roi et centre de tous les cœurs " est au cœur même de la Trinité avec le cœur du prêtre que Jésus s'est choisi comme disciple bien-aimé.

Les flagellations que s'impose le Père Boiteau, son maigre sommeil sur la dure ne doivent pas d'abord être considérés comme mortifications d'ascèse volontariste. D'abord et avant tout, ce prêtre entend offrir au Seigneur un supplément de souffrances " pour rendre amour pour amour, pour convertir les païens et les pécheurs ". Et de même que le Christ " est descendu aux enfers " pour sauver ceux qui étaient perdus, lui il " s'engageait sous peine de châtiment " à accomplir ce que l'Esprit-Saint lui ferait voir de plus parfait. Cela dépasse notre entendement humain, c'est l'aboutissement logique du don total. Don qui ne se réserve rien du tout et qui conforme la personne à la personne de Jésus pour le salut du monde. Je pense, ici, à François d'Assise et à Marthe Robin " stigmatisés " dans leur identification à l'Amour du Sauveur.

Aujourd'hui, il n'est pas question pour nous d'aller copier le style et les mortifications du Père Boiteau. Le contexte actuel est différent. En tant qu'évêque, j'interdirai aux prêtres du diocèse de se donner la discipline. Mais pour les disciples du Christ, la sainteté est le seul programme valable, hier, aujourd'hui et demain..."

BIOGRAPHIE DU PERE BOITEAU
13 août 1901 Naissance à Bouloire-Sarthe (Diocese du Mans) de Paul Antoine Julien Boiteau de parents instituteurs.
1913 à 1918 Etudes secondaires au Petit Séminaire de la Flèche
1918-1920 Etudes de philosophie au Grand Séminaire du Mans
27 septembre 1920 Entrée dans la congrégation du Saint Esprit. Noviciat à Grignon-Orly
Octobre 1924 Etudes de théologie au séminaire de Chevilly-Larue
24 septembre 1925 Vœux perpétuels dans l'église d'Orly
24 octobre 1927 Arrivée à l'Ile de la Réunion
1928 Nomination à Cilaos. Professeur au petit séminaire et vicaire
1934 Curé de Cilaos et supérieur par intérim du petit séminaire
1935 Directeur du petit séminaire, puis, en 1946, Recteur.
7 Juillet 1947 Mort à saint Denis, du père Boiteau, à la suite d'une occlusion intestinale.

De nature humble et discrète, le Père Boiteau s'imposait une rigueur dans le comportement, paraissant même austère, motivé par l'amour qu'il vouait aux autres ou plus exactement par la crainte de blesser, de faillir à la Parole de Dieu, "Tu aimeras ton prochain comme toi même." Modelé par la justesse, la précision, la perfection, l'attention, le respect, le dévouement, la justice, etc, il n'avait qu'un but, "bien faire" sous le regard de Dieu. Une lettre adressée à son père en 1938 en témoigne : "... j'essaie d'être un vrai père et une vraie mère pour mes paroissiens et mes enfants, mais je suis encore loin de réaliser l'idéal."
Enfant, déjà, il avait exprimé son amour en compatissant au sort de jeunes enfants noirs exposés comme des animaux, lors de la présentation d'un village sénégalais dans la ville du Mans.
Ce fait survenu dans sa jeune vie l'amènera, lorsqu'il aura emprunté le chemin du sacerdoce, à chercher à pratiquer son apostolat en Afrique, avec la volonté de faire connaître le Christ dans des endroits déchristianisés du monde, afin d'offrir le Salut.
D'ailleurs, à l'occasion d'un premier sermon dans la chapelle de Saint Fray, en présence d'enfants, il attirera leur attention en soulignant les conditions de vie épouvantables d'enfants africains ou asiatiques abandonnés. Il insistera d'avantage sur les dangers de l'âme auxquels la population de ces pays là est confrontée, les sensibilisant sur l'action de la prière, du sacrifice, de l'aumône, de la mission évangélique pour les secourir.
Quelques propos :
...Vous connaissez tous assez bien votre catéchisme pour savoir que le bon Dieu ne nous a pas créé est mis au monde pour nous amuser le plus possible, pour gagner de l'argent autant qu'on le peut, pour vivre heureux sur la terre. Non ! Il nous a créé pour passer ici-bas en faisant le bien, 70-80 ans, souvent beaucoup moins, et pour aller ensuite avec lui dans son paradis jouir éternellement d'un bonheur infini. La grande affaire, la seule qui importe, c'est donc d'arriver coûte que coûte dans le paradis, et il vaudrait infiniment mieux passer sa vie sur la Terre dans les souffrances les plus terribles pour arriver au ciel, que de la passer dans le bonheur et les plaisirs pour aller ensuite brûler éternellement en enfer...
Comment vous, si jeunes encore dans votre petite chapelle Saint Fray, pouvez-vous aider les chinois ou les noirs qui sont si loin, si loin ?...

Dans la lignée vertueuse d'hommes qui ont marqué l'histoire sainte de la Réunion, tels le Frère Scubilion, puis du Père Levavasseur, du Père Monnet, du Père Libermann, juif converti au catholicisme, le Père Boiteau s'inscrit dans la suite logique d'un chemin tracé par ses aînés préoccupés de la condition des esclaves noirs, prompts, à l'image de Ste Thérèse de l'Enfant Jésus, à rechercher la sainteté, toujours et encore, qu'il enseignera d'ailleurs durant toute sa vie à ses paroissiens ou à ses élèves, sainteté qui ne se définit pas uniquement dans le respect des dix commandements ! "A quoi bon des discussions théologiques sur la Trinité, si tu manques d'humilité et que par là, tu déplais à la Trinité ?(3)". L'esprit des Béatitudes en lui, il ne recherchait qu'à épouser les vertus du Christ sur un chemin qui passait par la souffrance.
Quoi de plus naturel dans ses propos que de ne citer Ste Thérèse dans la recherche d'un amour sans bornes pour le Christ : "Il n'y a qu'une seule chose à faire pendant l'unique jour ou plutôt l'unique nuit que nous avons à passer sur la terre, c'est d'aimer Jésus de toutes les forces de notre cœur et de lui sauver des âmes pour qu'il soit aimé."

NOMINATION A CILAOS
A défaut d'œuvrer sur une terre de mission, en Afrique équatoriale, voire en Guinée ou à Madagascar, comme il l'avait souhaité le faire, la Réunion, "Terre d'esclaves", accueille le Père Boiteau, de formation spiritaine, alors que la plupart des habitants vivent misérablement. On y meurt souvent jeune face à la maladie.
Le jeune prêtre, après quelques temps passé à Saint Denis, est nommé professeur au Séminaire de Cilaos et vicaire du curé.
Lorsqu'il met les pieds dans cet endroit reculé du monde mais aussi du modernisme, qui abrita vers 1830 les premiers évadés noirs réfugiés dans un site difficilement accessible aux "chasseurs de marrons", Cilaos, à l'époque des chaises à porteurs, n'est principalement accessible que par un chemin qui longe la rivière Saint Etienne qu'il est parfois nécessaire d'emprunter avant d'affronter les pentes raides du sentier de Cap Noir. La route actuelle (RN5) ne sera ouverte à la circulation qu'en 1932.
Confronté, à sa prise de fonction, à un autoritarisme exécrable de la part du curé, où l'amour tant prôné dans les sermons ne trouvait pas place dans les actes, le père Boiteau, contrairement à ses confrères qui durcirent le conflit jusqu'à demander à partir dans une autre paroisse, devait accepter l'humeur de son supérieur comme une croix à porter, l'amenant à vivre reclus, dans une attitude contemplative, pour dissimuler sa souffrance et l'offrir à Dieu dans la prière. Pourtant, malgré les critiques de son supérieur, ce sera lui que l'évêque choisira en 1934 pour lui succéder, parmi les 4 prêtres enseignants, pour ses qualités et compétences, malgré sa discrétion, critique qui ne peut-être péjorative, car, n'est-ce pas dans le silence que nous sommes le mieux à même de converser avec Dieu ?
Cette rigueur dans le comportement imposé par l'Amour, ne pouvait à elle seule définir sa personnalité ; il savait aussi faire rire, comme en témoigne l'un de ses anciens élèves, le Père Justin Hoareau : " On a dit qu'il était austère, sévère et qu'il souriait peu. Ce n'est pas très exact. Il faut savoir que le Père Boiteau n'avait pas son pareil, de temps en temps quand il nous racontait son ministère auprès de ses paroissiens : pour nous dérider, il lui arrivait de reprendre les expressions créoles qu'il avait entendues sur les sentiers du cirque, en imitant l'air chantonnant des Cilaosiens"

Par la suite, l'entrée du petit séminaire ne devait plus se faire aux seuls séminaristes, l'établissement devait ouvrir également les portes aux collégiens(4) (En 1930, il y avait une trentaine de pensionnaires et en 1943, il en comptait 60, capacité pouvant aller difficilement au delà, limitée par sa structure d'accueil)
Très vite, les autres professeurs, mais aussi les élèves s'accorderont à dire que le Père Boiteau avait tout dans le regard, bonté, autorité, sollicitude.
Un témoignage parmi d'autres(Père Gastellier) : "... Le regard c'est ici celui de la foi, don de Dieu. Il a nourri la foi et l'amour de Dieu chez le père Boiteau qui les a communiqués à ses enfants, moins par les paroles que par son regard mystérieux."
Nourri par l'Amour, comment le Père Boiteau pouvait-il se comporter autrement, sachant aussi qu'il s'était engagé auprès de Dieu pour Lui avoir écrit : "C'est demain qu'ils arrivent les enfants que vous me confiez. Ils sont à vous, vous êtes leur père, leur mère. Vous les aimez d'un amour de prédilection, vous les avez choisis entre mille, pour être vos apôtres. Ils sont destinés à briller dans le ciel comme des soleils. Et vous me les confiez, parce qu'étant prêtre, je tiens votre place et je dois être comme vous leur père et leur mère. Oui Jésus, je les aimerai comme si j'étais leur mère. Tous les soucis matériels que me demandera leur installation, je les supporterai joyeusement, comme une mer supporte joyeusement ce que lui causent ses enfants, et ce gêne sans compter pourvu qu'ils vivent bien. Mais leur âme surtout, ces âmes que vous aimez tant, je les soignerai avec toute la délicatesse possible. Elles viennent ici pour devenir vos épouses."

Les journées du Père Boiteau s'accompagnaient toujours de la Prière, plus que de raison, surtout le soir dans la cour du séminaire, et la nuit dans la chapelle, devant le tabernacle, à laquelle venaient s'ajouter des moments de mortification, en Pénitence pour la réparation des péchés et la sanctification des âmes.
Ses ressources, il les puisait dans la vie de ses "maîtres", après le Christ, d'abord Saint Francois Xavier à qui il vouait une admiration sans borne, jusqu'à l'imiter dans ses souffrances corporelles, et pour qui il n'hésitait pas à prononcer des sermons élogieux : [...] Lui autrefois si fier de sa force physique et de sa belle prestance, il s'applique à dompter son corps en poussant la pénitence jusqu'à ses dernières limites. Il s'entoure les bras et les jambes avec de petites cordes minces et rudes si étroitement qu'elles pénètrent profondément dans les chairs ; il passe des nuits entières en prières, il jeûne, il se flagelle jusqu'au sang [...]
Le hasard des choses, dessein de Dieu impénétrable à l'homme, devait amener le Père Boiteau à rejoindre la maison du Père à l'âge de 46 ans, le même qui mit un terme à la vie terrestre de Saint François Xavier.
Un autre pilier d'église, le curé d'Ars, le saint patron du séminaire, qui priait longuement agenouillé, devait infailliblement l'encourager à poursuivre le même chemin que le sien, dressé pour adoucir le Cœur meurtri de Dieu.

TEMOIGNAGE du Père Berthou, successeur du Père Boiteau,
" Depuis une quinzaine d'années, il jeûnait tous les jours. Il ne sucrait plus, depuis le même temps, son café ni sa tisane. Le café est notre déjeuner matinal (celui de Bourbon est célèbre). Il n'en prenait que deux ou trois cuillerées, ce qui était une façon déguisée de jeûner.

Son lit n'est presque jamais défait. A quelle heure se couchait-il ? Il nous est plusieurs fois arrivé, à l'un comme à l'autre (je parle des Pères de la maison) d'aller entre onze heures et minuit, chercher un bréviaire oublié à la chapelle : nous y trouvions chaque fois le Père Boiteau debout devant le maître-autel, ou encore faisant lentement son chemin de croix. Cinq ou six fois, des enfants malades l'ont réclamé pendant la nuit ; nous étions sûrs de le trouver devant le Saint-Sacrement, même à minuit passé. Une fois, la première nuit après le cyclone de 1945, nous fûmes réveillés par un bruit de tôles dans la cour intérieure. Nous pensâmes à des maraudeurs. Quelques séminaristes s'armèrent de gourdins et nous de nos lampes de poche en guise de révolvers, et nous trouvâmes… le Père Boiteau empêtré dans les tôles, cherchant son chemin pour regagner sa chambre. Il sortait de la chapelle et il était plus de minuit.

Une nuit que la cloche d'appel de la cure sonnait et que personne ne répondait, un Père se leva pour réveiller le Père Supérieur. Il le trouva dormant par terre, enroulé dans une couverture au pied de son lit.

Ordinairement, il se levait vers deux heures et demie du matin. Il entrait doucement à la chapelle, croyant n'alerter personne. Il restait là jusqu'au moment de réveiller les élèves : il y allait lui-même ; il était alors cinq heures dix. Trois ou quatre fois il y a manqué, nous le trouvions, dans ce cas-là, endormi au pied du tabernacle.

Il prenait ses récréations de règle, mais jamais d'autre délassement. Jamais je ne l'ai trouvé en acte de repos : il travaillait ou il priait. Mais quand il s'agissait de rendre service ou qu'on l'appelait, il quittait tout, même une prière, pour s'occuper des autres."

Oui, le Père Boiteau se fouettait, portait silice et vivait des privations atroces pour retrouver autant qu'il le pouvait, son divin Maître à Gethsémani ou au Lithostrotos.

MIEUX CONNAITRE ENCORE LE PERE BOITEAU
«Durant ses conférences, le Père Berthou s'activait auprès d'un volumineux sachet contenant, bien ficelé, un objet des plus hétéroclites. "Voici, proclamait-il alors, le lit du Père Boiteau !". Et tous de s'extasier devant ...un grand morceau de carton d'emballage sur lequel notre vénérable missionnaire passait la plupart de ses nuits, délaissant le bon lit où il aurait pu mieux se reposer.»(Père Jean Hoareau)

«Il avait deux cilices pour ses souliers, qu'il ne mettait pas sous la semelle pour ne pas glisser, mais dans le soulier pour faire souffrir ses pieds. Et le parcours à pieds était long de Cilaos à Palmiste Rouge et jusque l'Ilet a Corde, aller-retour. Il connaissait la valeur purifiante de la souffrance. Il avait un grand amour de Jésus crucifié» (Père Justin Hoareau)

«Il y avait aussi une chaîne de fils barbelés qu'il passait comme une ceinture à certaines périodes ; une corde doublée par un de ses bouts avec des traces de sang, un collier garni de pointes» (RP Briault)

«Pendant toute la guerre, il s'est complètement privé de pain, le remplaçant par du maïs. Il s'en excusait en souriant et donnait pour raison qu'en France, dans le même temps, on ne mangeait pas à sa faim»(RP Briault)

«Ordinairement, il se levait vers deux heures et demie du matin. Il entrait doucement à la Chapelle, croyant n'alerter personne. Il restait là jusqu'au moment de réveiller les élèves : il y allait lui-même ; il était alors cinq heures dix. Trois ou quatre fois il y a manqué, nous le trouvions dans ce cas-là, endormi au pied du tabernacle. Jamais je ne l'ai trouvé en acte de repos ; il travaillait ou il priait. Mais quand il s'agissait de rendre service ou qu'on l'appelait, il quittait tout, même une prière, pour s'occper des autres». (RP Briault, "Le Père Boiteau")

«A quelle heure se couchait-il ? Il nous est arrivé d'aller parfois entre onze heures et minuit, chercher un bréviaire oublié à la Chapelle, dit le Père Berthou, nous y trouvions chaque fois le P. Boiteau debout devant le maître-autel, ou encore faisant lentement son chemin de croix. Cinq ou six fois des enfants malades, l'ont réclamé pendant la nuit ; nous étions sûr de le trouver devant le saint sacrement, même à minuit passé. (...). Une nuit que la cloche d'appel de la cure sonnait et que personne ne répondait, un Père se leva pour réveiller le P. Supérieur. Il le trouva dormant par terre, enroulé dans une couverture au pied de son lit » (RP Briault)

«Couché le dernier, à une heure avancée de la nuit, notre missionnaire était le premier debout. (Comme il dormait dans une pièce voisine, il aperçut plus d'une fois son confrère Paul marchant à pas de loup, à quatre heures du matin pour se rendre à son adoration nocturne). Un lendemain de cyclone, raconte-t-il, le Père buta sur des tôles arrachées et provoqua un grand vacarme tout près du dortoir des séminaristes. Alertés, trois ou quatre grands vinrent au secours de leur Père Supérieur. Grâce à une petite lampe de poche, ils le découvrirent dans un fatras de vieilles planches et de tôles, et l'aidèrent à se relever. Le Père, arborant un sourire gêné et résigné, se laissa remettre debout, secoua quelque peu sa soutane pleine de débris et entreprit son échappée vers l'oratoire, pour son adoration»(Centenaire de la naissance du Père Paul Boiteau)

«Il arrivait que l'on ait besoin des services de notre bon curé, durant la nuit. Nous savions qu'il était toujours prêt à partir pour un malade. Et nous avons compris aussi, plus d'une fois, que quand le Père Boiteau n'était pas dans sa chambre, aux heures avancées de la nuit, c'est qu'il fallait le chercher devant un tabernacle, soit à l'église, soit à la chapelle du petit séminaire. Le Père Boiteau, peut-on dire, a passé une grande partie de sa vie au pied du tabernacle.» (François Sery)

«Plus d'une fois, je l'ai vu passer, très tard le soir avec sa petite lampe de poche pour ses rendez-vous devant le tabernacle. Etre au pied de la croix, et surtout du tabernacle, en présence de son Bien-Aimé, cela faisait partie de sa vie, de son emploi du temps quotidien. Mais, comme ses nombreuses activités le retenaient de jour, il se rattrapait la nuit». (Père Serge Payet)

«Un autre dimanche, après sa matinée à Palmiste Rouge, il arrive à Cilaos pour l'heure des Vêpres. Mais, avant qu'il soit arrivé à l'église, voilà un homme qui se présente : «Père, je viens du Bras de Saint-Paul. Il y a un malade là-bas qui a besoin du prêtre». Et, laissant la présidence des Vêpres à qui le voudra, sans prendre un verre d'eau, le Père Boiteau va cheminer de longues heures, vers le Bras de Saint-Paul. Il en reviendra à trois heures du matin. » (Père Claude Caroff)

L'attention, le temps que consacrait le Père Boiteau à ses pensionnaires, n'accaparaient pas seulement ses journées. Au delà de ses obligations liées au sacerdoce, à la prière(5) qui avait une place de choix dans sa vie, à la gestion, à l'administration, le père Boiteau, doté par temps de forte chaleur de son casque colonial, revêtait par ailleurs "l'habit" de St Vincent de Paul. Parcourant ainsi à pieds quotidiennement des kilomètres, le chapelet dans une main et le bréviaire dans une autre, il n'avait qu'une hâte, celle de se rapprocher des plus pauvres, leur rendant visite dans des endroits isolés et difficilement accessibles. Une habitante indigente révèle : " De temps à autre, quand il passait près de chez nous, il entrait nous voir dans notre petite cuisine en paille. Il savait quels paroissiens étaient dans le besoin. Alors il faisait une charité discrète. Nous comprenions qu'il se privait lui-même pour donner aux autres. "
L'apostolat n'était pas en reste dans ses parcours pédestres, quand il fallait apporter la Bonne Nouvelle aux mécréants, à des moments où l'église enregistrait des baisses de fréquentations, surtout en période électorale durant laquelle certains candidats axaient leur devenir sur des modèles totalitaires arguant se passer de Dieu.
Aussi, il n'hésitait pas à rendre visite aux familles les plus éloignées en distance de l'église, mais également à celles les plus éloignées de Dieu.
Uni au Christ, en ses souffrances, en son Amour, en son ministère, le Père Boiteau ne dosait pas ses efforts qui
ne se soldaient pas toujours de réussite, d'encouragement, comme il put le confier à son père : "On rencontre encore des ivrognes en grand nombre, des ménages désunis, des hommes qui ne fréquentent pas l'église, des enfants qui grandissent sans éducation. Il faudrait là un curé d'Ars..." ou encore " Il y a ici de bons chrétiens mais aussi bien des pêcheurs ; les progrès ne sont guère sensibles. "
Déterminé cependant à sauver ses paroissiens coûte que coûte, malgré eux, et convaincu que leur misère ou leur ignorance ne leur permettaient pas ou difficilement de s'ouvrir à Dieu, le Père Boiteau n'hésitait pas à s'offrir à Lui, par Amour pour Lui et pour les hommes, en subissant des mortifications, à l'exemple du Christ dont le sacrifice se veut de racheter les pécheurs.
Un témoignage du père Caroff : "Le père descendait à pieds à Palmiste Rouge pour y célébrer une ou deux messes du dimanche, et assister à la réunion de la Légion de Marie. Il prenait ensuite son repas dans une famille qui lui servait surtout du maïs. Après quoi, il repartait pour Cilaos où il présidait les Vêpres à 15 heures. Un jour, un automobiliste s'arrêta et il lui proposa une place dans sa voiture : Réponse du Père, " Jésus est-il monté en auto au Calvaire ? " Voilà le Père Boiteau : sa vie entière était une montée au Calvaire."

On comprend d'autant mieux le zéle du Père Boiteau pour sauver les pécheurs, qui ressort de sa prière testamentaire, quand il dit : "Comment ne pas sentir son âme déchirée par la pensée qu'il y a peut-être maintenant en enfer des âmes qui seraient sauvées, qui nous devraient leur bonheur éternel si nous avions prié, souffert et travaillé pour elles ! Quand on songe à la valeur d'une âme, au prix qu'elle a coûté au Divin Sauveur, qu'on se représente ce que sera pour elle la privation du Souverain Bien, on reste épouvanté de la responsabilité formidable qui pèserait sur nous, si nous ne fournissions pas à la Passion du Christ, le «manque» que Dieu nous a chargés de combler."

Soulager le Christ du fardeau des péchés, telle est à sa mesure, son embrassade de la Croix ! C'est aussi, à sa manière, la réponse à la demande de la Vierge de Fatima formulée aux petits pastoureaux : " De tout ce que vous pourrez, offrez un sacrifice au Seigneur, en acte de réparation pour les péchés par lesquels il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs... "

LA SOUFFRANCE, OEUVRE REPARATRICE DU REDEMPTEUR
"Réparer le déshonneur fait à Dieu par nos propres péchés d'abord, par les péchés ensuite de ceux qui ne les réparent pas, c'est nous associer le plus intimement possible au but même de de l'incarnation, et à l'oeuvre réparatrice du Rédempteur."

Participer aux souffrances du Christ, tel était le souci constant du père Boiteau, souvent en ayant recours à des moyens artificiels pour y parvenir, et tout en ayant été scrupuleux, rigoureux envers lui-même.
Son ardent amour pour Jésus révèle son état d'esprit pour le Sauveur : "Avec quelle confusion nous devons regarder l'innocent le saint qui meurt à notre place ? Nous voudrions-nous pas détacher Notre seigneur de la croix, pour nous y clouer nous-même."

Souffrir pour le Christ a un corrolaire, nous laisse entendre le père Boiteau si l'on consulte ses cahiers, "L'amour de la souffrance", celui de sauver sa propre vie ! : "Quand les apôtres entendirent Notre Seigneur prononcer ces paroles mystérieuses «Si quelqu'un veut venir à ma suite qu'il prenne sa croix», on comprend facilement quelle stupeur et quel effroi dut s'emparer de leur âme. Ce mot de croix évoquait à leur esprit l'idée d'un supplice infâme réservé aux esclaves les plus criminels. Suivre Jésus, ce maître si bon et si aimable, certes, les apôtres ne demandèrent pas mieux, mais, pour le suivre, être obligé de prendre une croix sur ses épaules, les apôtres ne comprenaient plus. C'est seulement après la mort de Jésus sur le calvaire qu'ils surent que Notre Seigneur avait voulu leur dire que pour régner avec lui dans le ciel, il fallait d'abord accepter de souffrir avec lui sur la terre. " [...]
"La vue de la croix est pour nous une consolation et un encouragement à supporter avec patience les misères de cette vie. Personne ici bas n'est exempt de souffrances, c'est une conséquence du péché originel. Ces souffrances viennent des efforts que nous devons faire contre nous-mêmes pour rester fidèles à la loi de Dieu et repousser les tentations du démon ; elles viennent des événements, des maladies, de la pauvreté, des contradictions. Les riches comme les pauvres, les enfants comme les vieillards sont soumis à cette nécessité de souffrir ; la croix n'est pas la même pour tous, mais toujours elle est proportionnée à nos forces, car c'est Dieu notre bon Père qui la choisit pour nous et la met sur nos épaules. Quand nous sommes tentés de trouver notre croix trop lourde, regardons celle de Jésus et rappelons nous que puisque c'est pour nos péchés que Jésus a tant souffert, il est bien juste que, nous les seuls coupables, nous ayons notre part de souffrances. Si nous acceptons de porter notre croix à la suite de Jésus, nous sommes sûrs de régner un jour avec lui. Dieu lui-même l'a promis ; «les petites épreuves de la vie présente dit saint Paul, se transforment en un poids immense de gloire pour l'éternité».
Si nous étions vraiment sages et intelligents, nous aimerions toutes nos douleurs, les regardant comme des perles précieuses que Dieu nous envoie pour orner notre couronne éternelle. Que sont-elles ces douleurs comparées au bonheur infini qui nous attend ? "

Dans son livre, "Amour pour amour", Prosper Eve développe le sujet : Dans son sermon sur l'amour de la souffrance, le Père Boiteau décline les idées fondamentales de sa théologie afflictive. Quatre motifs doivent guider l'âme vers la souffrance : le désir d'expier, le désir de se sanctifier, le désir de ressembler à Jésus, le désir de sauver les âmes. Son union à Jésus, c'est-à-dire sa subordination à Dieu, passe par une mort de soi-même. Il privilégie pour son ascension dans le dépouillement continuel, le chemin de la croix. Si la nature humaine répugne à la souffrance, pour les saints, le vrai bonheur c'est de souffrir. Ses référents sont : sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, le curé d'Ars, Marie de la Miséricorde. Par une merveilleuse compensation, le mal physique, humblement supporté, consume le mal moral. Il épure l'âme, l'aiguillonne et la détache. Il opère une mystérieuse union du fidèle au Christ souffrant. Au cours de sa Passion, Jésus a senti porter sur son âme, seule et broyée, le poids de toutes les douleurs humaines en une prodigieuse et ineffable synthèse. Il les a toutes adoptées, ressenties. Au Calvaire, II est le centre de confluence et d'apaisement de toutes les souffrances terrestres. Dieu étant infiniment juste, souverainement ami de l'ordre, ne peut pas vouloir que le péché reste sans réparation. Dès lors, au lieu de «fuir la souffrance comme un mal», le pécheur doit l'accepter avec reconnaissance. Il doit aimer «se mortifier, car la douleur a une valeur purificatrice. Elle est nécessaire à la pureté parfaite». La souffrance est «une lessive spirituelle indispensable à qui veut atteindre la pureté parfaite». Celui qui accepte la souffrance, manifeste son besoin d'imiter Jésus. Par amour des hommes, Jésus a vécu dans la pauvreté et le travail. Il a accepté toutes les humiliations et le supplice le plus effroyable, dans l'unique intention d'accomplir la volonté de Dieu et de sauver les pécheurs. Pour le Père Boiteau, un cœur de chrétien doit aimer «faire quelque chose pour son Dieu». Il doit agir pour réparer le mal qui a été infligé au Fils de Dieu au moment de la Passion et depuis par les pécheurs. « Si le Christ est un crucifix, nous devons être tous en quelque sorte des crucifiés... Jésus a sauvé le monde par la croix. C'est donc par la croix que nous serons des sauveurs. Nos souffrances jointes aux souffrances de Jésus sont la meilleure œuvre d'apostolat. Elles attirent sur les pécheurs des grâces de conversion ». Bref, le chrétien doit rendre amour pour amour ; il doit répondre à l'amour de Dieu et de son Fils par l'amour. Dans ses Notes de lecture, le Père Boiteau conserve cette confidence de Jésus à Gemma Galgani : « Si tu ne sentais la croix, on ne pourrait lui donner ce nom. Sois assurée que sous la croix, tu ne te perdras pas. Le démon n'a pas de prise sur les âmes qui pour mon amour gémissent sous la croix. Combien n'auraient abandonné si je ne les eusse crucifiés. La croix est un don très précieux et d'elle on apprend beaucoup de vertus.»"
Les serviteurs doivent être traités comme le maître. Si ce dernier a été couvert d'épines, ses adjoints ne peuvent pas s'attendre à être couronnés de rosés. Le prêtre ne doit pas avoir peur de souffrir, car sur la voie de la perfection, la souffrance est éminemment utile. Dieu n'est pas responsable de toutes les souffrances, surtout pas de celles engendrées par les excès de ceux qui les endurent ou encore de celles des innocents, victimes du sadisme des méchants. Dans ces deux cas, la souffrance est une terrible épreuve. Seules les âmes d'élite sont capables de l'accepter sans pousser la moindre plainte, sans verser la moindre larme. Dans ce dernier cas, elle responsabilise, endurcit l'âme et grandit.
«D'abord, il y a des douleurs qui viennent non pas de Dieu, mais de nos vices, de nos imprudences coupables. On dit que la gourmandise, l'ivrognerie, la luxure font plus de victimes que la guerre. Voici un homme qui par suite de ses excès est usé par la maladie avant d'avoir atteint la vieillesse, est-ce sa faute ou la faute de Dieu ? L'homme est souvent puni par où il a péché. Il se fait lui-même l'artisan de son propre malheur. Mais la souffrance peut ne pas être le fruit d'une faute. Les bons souffrent parfois autant sinon plus que les méchants. L'exemple est Jésus Christ. La souffrance est bonne pour chacun de nous, car elle nous purifie de nos fautes, nous enrichit de mérites. Le péché affaiblit notre volonté, la souffrance lui rend sa vigueur première, de même que c'est sur l'enclume que se forge le fer. Le péché nous aveugle, il nous fait voir les choses sous un faux jour, il nous remplit les yeux de la poussière de la terre, la souffrance nous éclaire, rectifie notre vue, elle nous remplit les yeux de la lumière du ciel, elle nous fait comprendre que la vie n'est qu'un passage, que notre patrie est ailleurs. La souffrance est utile et bénéfique.» [...]
Pour le Père Boiteau, la souffrance est un bienfait pour tous. Des lors, la souffrance imposée par les événements de la vie quotidienne doit être acceptée avec humilité et abnégation. Mais quand il s'agit d'agir pour réparer les péchés des hommes et ses propres souillures, il est bon de s'imposer courageusement soi-même des privations, des sacrifices volontaires, des mortifications [...]

La mortification aspire à effacer la dette pécheresse ; sa pratique tend à soustraire le pécheur à la purification du Purgatoire.
"Par la souffrance, Jésus Christ a sauvé le monde. Elle est bonne pour chacun de nous parce qu'elle nous purifie de nos fautes, nous préserve des chutes, nos enrichit des mérites. [...]

Elle nous purifie.
Chaque fois que nous avons péché, notre âme a contracté non seulement une souillure, mais aussi une dette de souffrance à l'égard de la justice de Dieu puisqu'un pécheur s'est procuré un plaisir défendu par Dieu. Si nous nous repentons Dieu veut bien effacer complètement notre souillure, mais sa justice demande à ce que nous acquittions en ce monde ou en l'autre une partie de la peine que nous avons méritée. Eh bien ! La douleur vient à notre aide pour nous permettre de donner à cette divine justice pleine d'entière satisfaction. Et admirez ici, la sagesse de la divine Providence, cette peine à laquelle nous sommes condamnés, nous pourrions nous y soumettre volontairement, nous pourrions nous la procurer nous-mêmes sous forme de privations, de mortifications, de sacrifices volontaires. Trop souvent hélas ! Nous n'en avons pas le courage. Que fait Dieu dans sa grande bonté. Il nous l'impose, il nous l'impose de telle sorte que nous ne pouvons nous y soustraire. Pour en profiter, il suffit de l'accepter, de faire contre mauvaise fortune bon cœur et ainsi notre dette sera payée. "


La souffrance a encore un grand avantage non moins précieux : elle nous préserve.
Vous n'ignorez pas combien grande est notre faiblesse, combien puissante parfois notre inclination vers le mal. Chaque péché que nous avons commis n'a fait que l'accentuer. Prenez une baguette flexible, pliez-la, elle restera courbée en partie, et la courbure s'accentuera d'autant plus que vous renouvellerez vos efforts pour plier cette baguette. Tel est l'effet produit par nos fautes sur nos facultés et nos sens. Elles les prédisposent au mal. Elles brisent les efforts de notre volonté. Elles aveuglent notre intelligence. Elles remplissent de souvenirs malsains notre imagination, à tel point que le péché est devenue pour certains comme une seconde nature et qu'on les entend déclarer : c'est plus fort que moi, je ne puis sortir de là.
Quel sera le remède assez puissant pour combattre cette malheureuse inclination au mal ? Ce sera la souffrance. Le péché affaiblit notre volonté. La souffrance lui rend sa vigueur première de même que c'est sur l'enclume que se forge le fer. Le péché nous aveugle il nous fait voir les choses sous un faux jour, il nous remplit les yeux de la poussière de la terre ; la souffrance nous éclaire, ou rectifie notre vue ; elle nous remplit les yeux de la lumière du ciel, elle nous fait comprendre que la vie n'est qu'un passage, comme une nuit dans une mauvaise hôtellerie, que notre vraie patrie est ailleurs et que bien fou est celui qui s'attache à ce qui doit s'évanouir si vite.
Le péché remplit notre esprit d'imagination malsaine, la souffrance chasse tous nos penchants mauvais ; elle nous oblige à réfléchir, elle remplit notre esprit de pensée sérieuse, elle nous mûrit, nous transfigure, qui saurait dire que c'est un mal ? Les exemples ne sont pas rares de ces hommes qui dans la prospérité oubliaient Dieu et leur âme, un jour le malheur les a frappés ; éperdus, brisés, ils se sont jetés entre les bras de Dieu et avec leurs yeux inondés de larmes, ils ont commencé à regarder le ciel. Le monde a pu les plaindre, au fond, leur malheur était une grande grâce puisqu'il les a préservés de l'enfer éternel.

Non seulement la souffrance purifie et préserve, mais encore elle enrichit de mérites.
L'acte suprême de la religion c'est l'adoration, or la souffrance est une adoration en acte ; elle est un véritable sacrifice et même de tous les sacrifices le plus agréable à Dieu quand il est uni à celui du divin maître, sacrifice des sens dans la souffrance physique, sacrifice au cœur et de l'esprit dans la douleur morale. Elle nous fait entrevoir si nous sommes fidèles à ses leçons avancer à grands pas dans le chemin de la perfection, elle nous rend semblable à Jésus Christ nous enseigne toutes les vertus. En voulez-vous des preuves ? Oui donc est plus compatissant au malheur des autres que celui qui a eu à le subir pour lui-même ? Oui donc est plus patient à l'égard d'un malade que celui qui a lui-même ressenti les coups de la maladie. Oui donc est moins moqueur des infirmités du prochain que celui qui a senti dans sa chair l'épine de l'infirmité. Voilà pourquoi Dieu a distribué si largement la douleur à ses meilleurs amis, et les plus grands saints dans le ciel sont peut-être ceux qui ont le plus souffert.
"

Toute souffrance que la vie nous impose, ou encore à laquelle nous avons recours d'une manière volontaire (jeûne, par exemple), si elle est acceptée dans l'amour, par amour et pour l'amour du Christ, est salvatrice. Certes, elle n'a pas la prétention d'être indolore, mais elle a le mérite d'être plus supportable, comme s'en explique le père Boiteau : "Un criminel condamné aux travaux forcés était sur le point de tomber dans le désespoir ; le bon saint Vincent fut ému de compassion et n'écoutant que son cœur alla demander à prendre sa place ; l'échange fut accepté. Voilà donc saint Vincent au milieu des galériens partageant les travaux auxquels ils étaient condamnés. Les forçats hurlaient, blasphémaient, maudissaient Dieu et la société ; mais lui en voyant ses chaînes, il pensait à celles de Jésus, en faisant son travail, il songeait aux labeurs de son divin Maître, et une joie profonde remplissait son âme.
Eh bien ! C'est l'histoire de la vie. Nous sommes tous condamnés aux travaux forcés. Sans l'amour du Christ ces travaux sont durs et stériles, avec lui, ils deviennent faciles, fructueux, méritoires."


Comment ne pas penser à Marthe Robin qui comprend, par une grâce de Dieu, que c'est dans la maladie et par la souffrance désormais acceptée et offerte, qu'elle pourra être unie au Coeur de Jésus en Croix, le Rédempteur de tous !

Les souffrances de Jésus ne se sont pas effacées avec sa résurrection. Le père Boiteau précise : " Que le Christ souffre aujourd'hui et jusqu'à la fin des siècles, ce n'est pas une simple figure de langage. Saint Paul nous affirme que des apostats «crucifient à nouveau le fils de Dieu». Et Jésus lui-même s'adressant à sainte Marguerite Marie lui dit en lui montrant une âme qui venait de faire une communion indigne : «Regarde ma fille, le mauvais traitement que je reçois dans cette âme. Elle a renouvelé toutes les douleurs de ma Passion». En quel sens est-il vrai que Jésus souffre jusqu'à la fin du monde ? C'est en ce sens que pendant sa Passion il a souffert par avance tout ce qu'il souffrirait le long des siècles pour chacun de nos péchés, s'il devait les expier à mesure qu'ils se commettent [...]
Il ne suffit pas pour notre salut que le Christ ait souffert à notre place. Il faut encore que nous nous approprions ses mérites en souffrant pour lui, ce qui se fait par la pénitence. D'abord, celle de l'âme qui est le repentir ; puis celle du corps qui est l'acceptation des misères de cette vie et même la mortification volontaire."


SERVIR A LA MANIERE DU CHRIST
Le père Boiteau a laissé une mine de documents, bien rassemblés par le père Jean Hoareau, qui mériteraient aujourd'hui d'être d'exploités. Certains sont comme les "Noces de Cana" ou le "Mont des Béatitudes", on a une soudaine envie de s'asseoir à coté du Christ pour lui tenir la main, comme un enfant qui se sent en sécurité dans les bras de sa mère, à l'image des propos qu'il tint à l'occasion de la prononciation de vœux de religieuses : "Il (Jésus) est bon, miséricordieux, compatissant. Son cœur est le refuge des faibles, des pauvres, des malades, des pécheurs. Il ne peut voir quelqu'un souffrir sans le consoler ; il pardonne facilement. Il a aimé jusqu'aux dernières limites de l'amour, jusqu'à la croix, jusqu'à l'eucharistie. Si on accumulait toute la tendresse que peut renfermer les cœurs humains, ce ne serait qu'un morceau de glace à côté de ce brasier d'amour et de tendresse qui enflamme le cœur de Jésus."
Dans ses sermons où parfois il fait aussi du "rentre dedans", axés pour la plupart sur la conversion et la persévérance, où les thèmes font peur, comme le péché mortel, le purgatoire, l'enfer, le Père Boiteau visait toujours la sanctification des âmes : "Aimer Dieu, et le servir ! ...Tachons que les derniers jours qui nous restent à vivre soient employés uniquement à le servir."
Servir dans l'amour, tel était son leitmotive !

Ainsi, toujours à l'occasion de la cérémonie de vœux des religieuses, il devait prononcer un discours en ce sens qui mettait subrepticement en relief les devoirs de son propre sacerdoce durant lequel il s'est toujours astreint à appliquer, à la manière de son Seigneur et Maître qui s'agenouilla pour laver les pieds de ses apôtres :
"Votre vie désormais se confondra avec celle du Christ, c'est lui qui vivra en vous, c'est avec sa grâce que vous travaillerez, c'est avec son cœur que vous aimerez, c'est avec lui que vous prierez, avec lui que vous souffrirez, avec lui que vous mourrez. Il sera votre honneur, votre joie, votre consolation dans vos chagrins, votre conseiller dans vos incertitudes, votre défense dans vos dangers, votre remède dans les maladies. Votre sort est désormais lié au sien. Comme Jésus, vous serez pauvres, vous ne posséderez rien en propre, vous vous contenterez de ce que la Providence vous donnera, et vous vous trouverez toujours trop bien servies quand vous vous comparerez à votre divin époux [...]
Jésus a été obéissant. Pendant 30 ans, il a obéi à Marie et à Joseph, comme le plus humble des enfants. Durant sa passion, il obéissait à ses bourreaux qui le martyrisaient. Sur l'autel, il obéit au prêtre qui peut le porter où il veut. Comme Jésus, vous serez obéissant. Partout et toujours, vous immolerez votre volonté propre, vous ne rechercherez jamais ce qui vous plaît ; mais uniquement ce qui plaît à Dieu. Vous serez prêtes à tout entre les mains de vos supérieures. On pourra vous demander n'importe quoi, vous répondrez toujours me voici, voici la servante du Seigneur.
Les trois vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance que vous allez prononcer avec toute la ferveur de votre âme seront comme les trois clous qui vont vous attacher à la croix avec Jésus. Plus c'est clous vous meurtriront, plus vous serez heureuse, car plus ou deviendrez semblables à votre divin époux."

Durant son ministère à Cilaos, vivier avéré pour les vocations, tant masculine que féminine, le père Boiteau entreprit la reconstruction de l'église paroissiale au demeurant étroite, vieillotte, qui tombait surtout en ruine, permettant du coup de donner du travail à des hommes en difficulté économique.
Rénovée en 1937, l'église "Notre Dame des Neiges" aux couleurs de la robe de "Notre Dame de Lourdes" devrait prendre son allure définitive en 1940, réalisée grâce en partie à la participation de nombreux donateurs, motivés par les sermons de "souscription" que le Père Boiteau avait composés, dans lesquels, au motif de rendre dignement au Christ les honneurs qui lui étaient dus, il avait mêlé humour et sens du bienfait de la charité.
"Bâtisseur", facette qu'on ne lui connaissait pas, il allait la développer par la construction de l'église Sainte Bernadette Soubirou (1942) à Palmiste Rouge, après la réalisation d'une salle d'œuvre St François, à Cilaos, et avant d'entreprendre l'agrandissement du séminaire, peu de temps avant de terminer son périple sur la terre où l'amour aura toujours conditionné sa vie, et peut être même sa mort.
En effet, lorsque les premières douleurs se sont faites sentir, s'est il refusé à rendre visite à un médecin pour ne pas abuser de la gratuité dont il prétendait au même titre que les autres prêtres ?

Quelques bribes de sermons ( d'autres, en page 2) :
"Nous avons étudié la fondation de l'Eglise par notre Seigneur. Cette Eglise existe depuis 20 siècles et voici que maintenant nous nous trouvons en présence de plusieurs sociétés qui toutes prétendent avoir été fondées par Jésus Christ."

La conversion
Pourquoi sommes-nous sur la terre ?
Pour jouir répondent les uns ; quand on est mort tout est fini. Il faut donc profiter de la vie pour se livrer au plaisir ; la corruption du tombeau, voilà donc leur dernier espoir, les malheureux !
Bien différente est la réponse du Chrétien. Je suis sur la terre pour travailler et souffrir. Mais le travail et la souffrance sont mon bonheur, car ils sont le moyen de mériter le ciel. Que d'autres ne se croient appelés qu'à servir de pâture aux vers ! Pour moi, j'attends le jour Dieu viendra me chercher pour m'emmener dans son paradis (vivre de sa vie, jouir de son bonheur)...
Bien des gens s'imaginent que, faire son salut, si encore ils y pensent, c'est une affaire des plus faciles. On mène sur la terre une bonne petite vie bien tranquille ; on tâche de gagner de l'argent autant qu'on peut, on ne se fait par scrupule de manquer la messe le dimanche ; mais on n'a ni tué ni volé et avec cela on se croit un bon chrétien. Evidemment, on n'est pas sans s'apercevoir de temps en temps qu'on n'a pas la conscience bien en règle avec le Bon Dieu, mais, après tout, se dit on, quand l'heure de la mort se rapproche, je ferai venir le prêtre, je me confesserai et je pourrais partir en paix.
Ah ! mes bien chers frères, Dieu vous garde d'avoir jamais une pareille mentalité ! Un homme qui marcherait sur le bord d'un précipice les yeux bandés, serait moins en danger que vous, de tomber dans l'abîme.
Ce n'est pas sans raison que la Sainte écriture nous ordonne de faire notre salut avec crainte et tremblement. En effet, nous sommes entourés d'ennemis qui conspirent à notre perte est nul homme avant son dernier soupir n'est sûr de les vaincre.
Quelles sont donc ces ennemis ? Il y en a trois : le démon[...], l'esprit du monde que Jésus a maudit [...] et le troisième, nous n'avons pas à le chercher bien loin, c'est nous-mêmes. Oui, nous-mêmes, avec nos mauvaises passions, notre enclin au mal, notre peur de l'effort. Et pourtant cet ennemi-là, il faut le vaincre comme les autres, pour faire son salut[...]

Le travail
Sans Jésus, le travail sera toujours stérile, avec Jésus il sera toujours fructueux ! Voyez ce qui est arrivé à Saint-Pierre, avant que Jésus ne soit dans sa barque. Il a beau déployer toute son habilité de pêcheur, il ne prend rien. Une fois que Jésus est avec lui, il prend une grande quantité de poissons. C'est l'image de ce qui arrive à tous les travailleurs. Si Jésus n'est pas avec eux, c'est à dire s'ils sont en état de péché mortel, si leur cœur est tout entier attaché à la terre, ils ont beau être les ouvriers des plus habiles, les plus adroits, le résultat de leur travail est nul pour l'éternité...
Voici, je suppose, un ouvrier qui est dans l'indifférence religieuse, il a perdu l'état de grâce. Le matin, il part pour son chantier sans avoir fait sa prière ; toute la journée il est courbé sur les outils qu'il manie ; la sueur inonde son front sans que jamais sa pensée ne s'élève vers Dieu pour lui demander son secours. Sa seule consommation est de penser qu'au jour de la paye, il puisse se livrer à quelques heures d'ivresse ou de plaisir, mais est-ce que cela peut adoucir sa peine ? Son cœur est tout noyé d'envie pour ceux qui peuvent s'amuser sans travailler. Quand au résultat de son travail, il est nul, absolument nul. Vous me direz peut-être : " Mais cet ouvrier fait un bon travail, ceux qui l'emploient sont contents de lui, il s'enrichit." C'est entendu, il n'en est pas moins vrai qu'aux yeux de Dieu, tout est perdu. Ses fatigues, ses sueurs ne comptent pas parce qu'elles viennent d'un homme qui n'est pas en état de grâce. La mort arrivera, et que lui restera-t-il du fruit de ce labeur ? Un cercueil et du luxe qui ne lui appartiendrait même pas. Avec tout l'argent qu'il aura gagné, il ne pourra même pas s'acheter une goutte d'eau pour se rafraîchir la langue en enfer...

Pratiques superstitieuses
S'imaginer qu'une messe du Saint esprit doit faire trouver infailliblement un voleur, attacher une efficacité absolue à certaines formules de prière, faire brûler une bougie la mèche en bas, relèvent de la superstition. Aller voir un sorcier pour connaître l'avenir ou obtenir une guérison, est un péché contre le premier commandement. Sans doute, il y a certaines tisanes données par des simples qui peuvent faire du bien, mais si le remède doit être accompagné de signes, de paroles d'amulettes ou de gris-gris quelconques, c'est de la superstition, et il y a faute grave, car c'est mettre sa confiance en un autre qu'en Dieu.
C'est encore une superstition et une sottise que de croire qu'il y a des jours heureux et malheureux, de redouter de se trouver 13 à table, de porter au cou une amulette porte-bonheur, de lire l'avenir dans les lignes de la main, de consulter les cartes...
Essayer de faire tourner une table par imposition des mains est défendu par l'église comme superstitieux. Enfin le spiritisme et la magie qui consistent à se mettre en relation avec le démon pour lui demander d'agir ou jeter un mauvais sort au prochain est un péché très grave.

PROCES DE BEATIFICATION
Convaincus de la disparition du Père Boiteau en odeur de Sainteté, nombreux sont ceux qui aujourd'hui oeuvrent pour faire progresser la cause de Béatification. (Voir au chapitre Repères), notamment le père Jean Hoareau auteur d'un livre : "Le Père Boiteau : il y 50 ans, il nous quittait pour le ciel, qui a collecté les propos que lui ont tenu quelques confrères, et reproduits par Prosper Eve dans son livre, "Amour pour Amour" :
- Mgr Langavant (Evêque de La Réunion de 1935 à 1960), le 18 avril 1987 : " Enfin, on se décide à s'occuper du Père Boiteau ! Pourquoi a-t-on tant attendu ? ... Il faut que ce vous comptez écrire sur la paroisse de Cilaos ne soit que le premier pas vers quelque chose de beaucoup plus important : la cause de béatification du Père Boiteau..."
- Père Achille Gastellier " A lire son pacte, son alliance avec le Seigneur, sa demande de châtiment pour lui-même en cas d'infidélité, m'amène à penser que le Christ qui écoute toujours les bonnes prières, l'exauce en lui donnant la grâce correspondante à ce contrat qui fait de sa vie un trait de lumière, " une flèche préférée du carquois du Seigneur "."
- Père Justin Hoareau : " Paul Boiteau est un prêtre saint, aux belles vertus sacerdotales, un prêtre humble, en même temps que puissant devant Dieu pour intercéder en faveur des pécheurs. Il porte en son corps la guérison et la réparation des péchés de beaucoup."
- Père Théodore de Guigné : " Père Boiteau n'est pas triste. Il sait sourire. Sa vie ascétique, dans sa rigueur, on la découvre après sa mort. Il est un homme de prière, pas seulement a la chapelle, mais aussi dans son comportement sur la cour de récréation, au réfectoire, en promenade et ailleurs... La prière l'accompagne ou, mieux, il accompagne tout de sa prière."
- Père Marc Bertaut : " Le Père Boiteau est ce saint homme qui nous étonne tous. Homme de prière et d'austérité, il semble de prime abord sévère et distant. Il n'en est rien... Alors que nous allons prendre le bateau en direction de Marseille, je revois le sourire du Père quand il nous serre les mains pour nous dire au revoir et nous souhaiter bonne route vers le sacerdoce. "
- Gilbert Aubry : " Malgré sa santé fragile, il est taillé tout d'une pièce, comme son saint patron, Paul, l'apôtre des nations."

Jean de Chiffalo (3/1/2012, en la fête de Ste Geneviève, Patronne de Paris, Patronne de la France (*)
(*) Dans les pires moments de son histoire, la France a été sauvée par des femmes, c’est pourquoi Sainte Geneviève, au même titre que sainte Jeanne d’Arc, est la patronne de la France.

Père Boiteau, modèle de Sainteté pour les prêtres, insuffle ton esprit, afin que La France qui a beaucoup missionné, soit à son tour missionnée. Qu'elle découvre ou redécouvre les bienfaits de la Sainteté, source d'Amour pour Dieu et notre prochain, source de vie éternelle.

(1) Sorte de petit hameau
(2) Préface du livre de Prosper EVE, "AMOUR POUR AMOUR", aux éditions Surya 14 rue Champ-Fleuri 97490 Sainte-Clotilde
(3) L'imitation de Jésus Christ - Mediaspaul
(4) A partir de 1959, il accueillera aussi des lycéens. Cependant, la multiplication des CES et lycées publics, la difficulté de trouver des professeurs pour la formation de jeunes au sacerdoce, mais la crise aussi de la vocation au sein de l'Eglise, entraîneront la fermeture du Petit Séminaire en 1972.
(5) Le Père Boiteau enseignait à ses paroissiens le bien fondé de la prière, la définissant comme "élévation de l'âme vers Dieu pour l'adorer, le remercier, implorer son pardon et demander des grâces..." Prosper Eve, Amour pour Amour "

REPERES


Excellent ouvrage de Prosper Eve "AMOUR POUR AMOUR" qui associe biographie du Père Boiteau et actualité du moment.
aux éditions Surya Ste Clotilde (La réunion)
"Son message s'adresse d'abord aux prêtres, dignes successeurs du Christ, sauveurs des âmes. S'il choisit la voie extrême, ce n'est pas par caprice ou pour effrayer, mais pour attirer leur attention sur l'aspect essentiel de leur tâche, faire vivre le Christ dans les âmes qui leur sont confiées. Leur tort serait de se limiter à critiquer sa voie. S'il croit aux vertus de la mortification, il ne demande à personne d'imiter son modèle. Il veut que chacun trouve sous l'effet de la grâce les moyens d'accomplir correctement cette mission, qui ne doit, en aucun cas, être sous-estimée. Le prêtre qui oublie qu'il est un sauveur d'âmes faillit à sa tâche."(Prosper Eve)

- AFPB (Association Fraternité Paul Boiteau) à l'origine de la cause de Béatification du Père Boiteau. Cilaos
- Association des anciens du petit séminaire de Cilaos, 21 rue Saint Vincent de Paul 97430 Tampon
- Père Jean Hoareau Petite Ile - La Réunion

- EGLISE A LA REUNION

www.afl.re
www.mi-aime-a-ou.com
http://www.mi-aime-a-ou.com/photos
http://balades.travelblog.fr

Biographie Sainte Geneviève
Biographie Saint Denis

http://www.iledelareunion.net

1 2 (Cahiers) 3 (Témoignages) 4 (L'apôtre de Cilaos)


BOULOIRE

FAMILLE du Père Boiteau

Antoine, frère du Père Boiteau,
prêtre aussi