L'EUCHARISTIE
( D'après les cahiers du Père
Boiteau)
LA MESSE
La sainte messe est la reproduction du sacrifice de la croix qui
doit se poursuivre jusqu'à la fin du monde.
Sur l'autel, Jésus présente à Dieu le Père ses souffrances, ses humiliations,
son crucifiement, sa mort. La messe replace donc sous nos yeux le sacrifice
du calvaire ; elle met à notre disposition, entre nos mains, les fruits de la
rédemption, l'immolation d'un Dieu et elle devient la source de toute les grâces
; elle nous offre tous les biens que l'on peut obtenir en vertu des mérites
infinis de Jésus. Elle fait couler jusqu'à nous le sang rédempteur du Fils de
Dieu fait homme. Elle en arrose le champ de nos âmes, elle le féconde et y fait
germer les semences de la sainteté et de la vie chrétienne.
Assistons à la sainte messe, mes Frères, comme nous assistions à la Passion,
au crucifiement à la mort de Jésus.
On offre à Dieu le sacrifice de la messe pour l'adorer, le remercier de ses
bienfaits, lui demander pardon, obtenir ses grâces.
D'abord, pour adorer Dieu, rien ne saurait lui rendre plus de gloire. Jésus
Christ est sur l'autel anéanti, immolé comme une victime, proclamant ainsi que
tout ce qu'il y a de plus grand au ciel et sur la terre n'est rien devant Dieu...
Secondement, pour remercier Dieu de tous ses bienfaits. Il est impossible
de mieux lui témoigner notre reconnaissance...
En troisième lieu, on offre le sacrifice de la messe pour obtenir le pardon
de ses péchés. Ce n'est pas que la messe efface le péché par elle-même comme
le baptême et la pénitence, mais elle les remet en nous obtenant des grâces
de conversion. Par exemple, en nous obtenant le repentir des péchés que nous
avons commis, et la volonté ferme de ne plus les commettre. Quoi de plus propre
à nous obtenir ces grâces que l'offrande de l'Agneau du Dieu qui enlève tous
les péchés du monde ? Jésus Christ lui-même n'a-t-il pas dit quand il consacre
son sang, que ce sang était offert pour la rémission des péchés ! On raconte
que, au milieu d'une furieuse tempête, le grand marin Albuquerque prit un enfant
dans ses bras et que l'élevant vers le ciel, il dit à Dieu : «Seigneur si nous
sommes tous coupables, faites-nous grâce à cause de l'innocence de cet enfant».
Dieu exauça sa prière ; la tempête s'apaisa et le danger disparut. Si telle
est la puissance d'un enfant innocent sur le cœur de Dieu, quelle ne sera pas
celle du prêtre, lorsque, ministre du Dieu très Haut levant dans ses mains le
Saint des saints, il l'offrira au Seigneur en lui disant : «Ayez pitié de nous,
à cause de Jésus Christ votre Fils ?»
Enfin, nous offrons le saint sacrifice de la messe pour obtenir de Dieu
les choses dont nous avons besoin soit pour le corps, soit pour l'âme, soit
pour la vie présente, soit pour la vie future. Il n'y a rien qu'on ne puisse
obtenir à la sainte messe. Elle obtient la force pour les faibles, le bonheur
pour les malheureux, la consolation pour les affligés, le rétablissement de
la santé, la protection divine pendant la vie, la confiance pour l'heure de
la mort, le bien-être pour les familles, la tranquillité pour les Etats, l'éloignement
de tous les fléaux, toutes les grâces pour l'âme, tous les secours pour le corps...
Pour qui l'offrons-nous ?
On l'offre pour les vivants et pour les morts.
Quand un prêtre monte à l'autel, tous les fidèles quels qu'ils soient, participent
aux fruits de la sainte messe, les uns plus, les autres moins, selon qu'ils
ont plus ou moins de part à l'offre du très saint sacrifice et selon leurs dispositions
plus ou moins parfaites. Ainsi ceux pour lesquels la messe est offerte spécialement
en retirent plus de fruits que les autres. Il en est de même de ceux qui y assistent
avec plus de piété. Ils en profitent beaucoup plus que ceux qui sont absents
ou qui sont dissipés.
Mais Jésus Christ a montré que le saint sacrifice peut être offert aussi pour
ceux qui dorment du sommeil de la paix. Quels sont ces morts ? Évidemment, ce
ne sont point les damnés, leur perte est irréparable. La sentence prononcée
contre eux est irrévocable. Ces morts pour lesquels on peut offrir le saint
sacrifice de la messe sont ceux dont les âmes sont dans le Purgatoire. La messe
leur procure la délivrance ou du moins, le soulagement de leurs peines, selon
que Dieu le juge à propos. Ceux pour lesquels la messe est spécialement offerte,
sont soulagés davantage. Voilà pourquoi il est bon de faire célébrer la sainte
messe pour les personnes qui nous étaient chères. C'est ce que faisait saint
Pierre Damien : Étant petit enfant, il trouve un jour, le long du chemin une
pièce de monnaie. Il avait perdu son père et sa mère peu de temps auparavant.
Heureux d'avoir trouvé cet argent, il courut chez le prêtre et malgré son extrême
pauvreté, il donna son argent pour faire dire une messe. Dieu le récompensa
: «il devint prêtre et cardinal, et, ce qui vaut mieux encore, il devint un
saint. Dieu bénit ceux qui font miséricorde aux vivants et qui se souviennent
de leurs morts»
L'Eucharistie
Les Pères de l'Eglise, interprètes officiels de l'Évangile, nous enseignent
que notre Seigneur avait en vue la Sainte Eucharistie quand dans la prière du
Pater qu'il apprenait à ses disciples il leur faisait dire : donnez-nous aujourd'hui
notre pain de chaque jour». En effet, ce pain quotidien, il l'appelle aussi
supersubstantiel c'est-à-dire surnaturel. Et puis, Jésus se compare à la manne.
Or, qu'est-ce que c'était que la manne ? C'était une nourriture miraculeuse
qui tombait du ciel chaque matin pendant que les Hébreux voyageaient dans le
désert. Entendez bien : chaque matin. L'Eucharistie devrait donc être elle aussi
un aliment que le chrétien mange chaque jour pour entretenir ses forces spirituelles.
[...]
Nos forces spirituelles ne sont pas inépuisables, elles s'usent dans les rudes
combats de la vie, elles s'épuisent par ces petites blessures que font à nos
âmes les innombrables péchés véniels qui échappent à notre fragilité. Il faut
donc venir souvent renouveler nos forces en mangeant le pain des forts. Il y
a certaines tentations dont on ne peut triompher que par la communion fréquente.
Saint Alphonse de Liguori nous parle d'un jeune homme qui avait contracté de
mauvaises habitudes contraires à la pureté. Le saint confesseur l'engagea à
communier tous les jours. Au bout de peu de temps, le malheureux jeune homme
était guéri.
Un inspecteur visitait un jour un pensionnat dirigé par saint Jean Bosco ; il
s'étonnait de trouver ses enfants si bien élevés. Don Bosco lui montra le tabernacle
: «L'explication est là, dit-il, nos enfants communient souvent.