QUO VADIS ?

LA CHARITE CHRETIENNE

Vaste sujet, là, qui se veut d'être le reflet du Christ. Normalement !
Je me souviens - c'était à l'occasion d'une journée du grand jubilé de l'an 2000 à Rome, sur la place St Pierre - avoir senti dans mon dos la pointe d'un parapluie. Deux légers coups qui ne m'occasionnèrent aucune souffrance physique ; ce n'était pas comme un couteau. Moralement, c'était tout autre.
J'avais hissé "mon" drapeau français, en bordure d'allée de l'enceinte réservée, pour montrer au pape que la France l'aimait. Mais ne le savait-il déjà ?(1)
Je savais mon drapeau haut, ne voulant gêner. En fait, je me trompais dans mon appréciation, car, à l'issue de la solennité, le coup de parapluie me le démontra. Le coup avait été dans le dos, je ris encore, s'il m'avait été asséné sur la tête.
Etais-je l'agresseur ou l'agressé ? Entre chrétiens, comment l'agressivité peut-elle trouver place dans les actes quotidiens ? N'est-ce pas l'Amour, mot inventé par le Christ, son leitmotiv, qui doit modeler le cœur de chacun ?
A la décharge de l'agresseur ou de l'agressé, c'était un italien (une) ; ne dit-on pas que les italiens parlent avec les mains ? Comme si cela ne suffisait pas, elle usa aussi d'un sourire, court, mais qui en disait long sur la morgue qu'elle exprimait.
Mais c'était une religieuse dont l'habit ecclésial présente une grande responsabilité par le modèle de vertu à professer.
Chacun de nous a cette responsabilité devant Dieu, avec habit ou sans habit. Combien d'exemples qui en découlent, se rapportant à des entorses à l'amour, n'y aurait-il pas encore à raconter, vécus ou rapportés ? Mais au risque d'apporter un jugement (2) répréhensible , cela n'est pas dans mon intérêt de les étaler. Combien de fois la langue ne nous a-t-elle pas desservie ? (3)
Au travers de cette anecdote, l'important étant pour moi de souligner la conséquence d'actes qui pourraient nous être reprochés par Dieu. Je pense à l'homme (ou la femme) redevenu enfant par sa conversion, mais débouté dans son élan à cause d'une influence perverse.
Cet enseignement, je le tire de l'Evangile de Saint Matthieu (18, 6-7) (4): "Celui qui fait tomber dans le péché un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui attache au cou une grosse pierre et qu'on le noie au fond de la mer. Quel malheur pour le monde qu'il y ait des faits qui entraînent les hommes à pécher! Il y aura toujours de tels faits, mais malheur à l'homme qui en est la cause!"
L'amour sans limite, pour Dieu et les hommes, demeure la clef de notre conversion. Sans Dieu et ses commandements, on ne va pas vers l'Amour, mais aussi, sans amour on ne va pas vers Dieu.(5)
Le manque d'amour dans nos actes quotidiens, à petite ou grande échelle, nous soustrait à l'Amour de Dieu ; C'est de cela aussi, et surtout, à notre mort, que nous serons jugés.
Siloé(6) , et son histoire, a le mérite de nous sensibiliser : Dix-huit ouvriers sont en train de construire un édifice romain. Un incident, le bâtiment s'écroule et les ouvriers meurent. Cet épisode est rapporté à Jésus. Celui-ci dit alors: " Ne croyez pas que ces 18, qui sont morts du fait de l'écroulement du bâtiment, soient pires que vous, mais si vous ne changez-pas de conduite (7) vous périrez tous de la même manière."
Et lorsqu'on ne comprend pas pourquoi le croyant est confronté aux catastrophes et aux drames qui s'abattent sur le monde - en dehors des attaques contre l'Eglise et les persécutions contre les chrétiens insidieusement voulues par le Malin - la Parole de Dieu pourrait nous éclairer, qui vient à la suite du récit sur les ouvriers de Siloé (Luc 13, 1-9) : "Jésus leur dit encore cette parabole : « Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : ‘Voilà trois ans que je viens chercher des fruits sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. A quoi bon le laisser épuiser le sol ?’ Mais le vigneron lui répondit : ‘Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.’ »

Au cours d'une messe dominicale, l'Evangile traitait du sujet. Le prêtre, dans son sermon, nous a exhortés à nous poser une question, à répéter à tout instant de notre vie, avant de laisser parler notre libre arbitre: est-ce que mon acte du moment plait à Dieu ?

(J. de C. 25-3-2004)

1 Reims lui avait témoigné son amour, lors de sa venue en France en 1996
2 Jacques 4, 11-12
3 Jacques 3, 1-12
4 Voir aussi Saint Luc (17, 1-4) ; St Marc 9,42
5 Le manque d'amour demeure aujourd'hui le grand fléau de l'humanité.
6 Luc 13,1
7 Mais si vous ne vous tournez pas vers Dieu...

Evangile selon Saint Luc XIII, 1-9

Convertissez-vous ! A ce moment, des gens vinrent rapporter à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer pendant qu’ils offraient un sacrifice. Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien non, je vous le dis ; et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux. Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien non, je vous le dis ; et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière. » Jésus leur disait encore cette parabole : « Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : ’Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. A quoi bon le laisser épuiser le sol ?’ Mais le vigneron lui répondit : ’Seigneur, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’aven-ir. Sinon, tu le couperas.
Prédication du Père Michel-Marie Zanotti Sorkine à découvrir également dans sa totalité sur le site L'amour en éclats (3eme Dimanche de Carême - 2010)