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UNE FLEUR DANS UN JARDIN...
Respectons la VIE !

Aujourd'hui, Claire, 26 ans a été foudroyée par une crise cardiaque ! Il y a quelques mois, Alexandre, 4 ans, a été emporté après une longue agonie suite à une tumeur au cerveau. Martine, 49 ans, s'est éteinte d'un cancer généralisé. Yoann, 18 ans, a été fauché par un chauffard. Claudius, 88 ans, s'en est allé rejoindre son épouse décédée quelques semaines plus tôt. Maria, 94 ans attend " son heure " et n'en finit plus de mourir sans vraiment y parvenir ! Hector, 3 mois, s'est envolé de la mort subite du nourrisson…..

Chaque jour, de tout âge, des milliers de personnes s'éteignent. Certaines sont " fauchées " dans la fleur de l'âge, d'autres partent en pleine ascension ou au sommet de leur vie, d'autres encore quittent notre monde après avoir cheminé longuement… et d'autres voudraient partir car il leur semble que l'heure est largement dépassée !

" Nul ne connait l'heure… "

Il me plait à penser que Jésus est un grand jardinier et que nous sommes ses fleurs dans son immense jardin qu'est la terre !
Et comme tous les jardiniers, Il lui arrive de décider d'arracher de toutes nouvelles pousses pour laisser à d'autres la place de s'épanouir. Il taille de jeunes rejets qui empêcheraient le plein épanouissement d'une autre qui a déjà bien progressé.
Parfois, quand les fleurs sont magnifiques, éclatantes, Il décide de les cueillir pour les offrir en un magnifique bouquet à Sa Mère qu'Il souhaite honorer… et parfois, Il laisse tout simplement certaines fleurs suivre leur temps et se faner doucement.

Grand mystère que celui de la vie et de la mort. Grand mystère à respecter car il n'appartient qu'à Dieu Seul, Lui Seul est le Jardinier Suprême qui sait ce qui est bon pour son jardin, pour toutes les plantes qu'Il a crées dans toutes leurs diversités.
Là où nous croyons voir une mauvaise herbe inutile et que nous arracherions sans ménagement, Dieu y voit certainement une nécessité… peut-être même est-elle féconde pour une autre variété…
D'autres fleurs magnifiques, éclaboussées de couleurs chatoyantes cachent leur mortel poison, les apparences sont si trompeuses parfois ! Tandis que d'autres plus petites, plus modestes, moins attrayantes nous laissent indifférents alors que d'autres, toute épine déployée, auraient tendance à nous repousser….

Il en est ainsi du jardin de Dieu. Chaque être humain est différent, aux couleurs et aspects divers et variés, attirants, repoussants, charmeurs, parfumés, beaux, laids… Dieu a créé une quantité de fleurs humaines à l'infini, Il dispose de chacune selon Ses Plans, selon Sa Vue " satellite ". De notre jardin, " à ras les pâquerettes ", nous ne pouvons rien voir ni connaître de ce que le Maître-Jardinier a décidé pour son Jardin. Lui Seul sait !
Empêchons nos consciences de se laisser contaminer par le monde ambiant du " devoir " aider l'autre à mourir sous prétexte de souffrances inutiles. Inutiles à nos yeux seulement, mais peut-être tellement fécondes pour celui qui les vit et son entourage ! Jésus a épousé toutes nos souffrances jusqu'à la mort pour que jaillisse la Vie !

Un jour, une de mes patientes, âgée, handicapée lourdement, grabataire depuis 4 longues années et totalement dépendante, me disait : " je ne sers à rien, j'embête tout le monde, je suis si fatiguée, pourquoi Dieu tarde-t'il tant à venir me chercher ? " Sa question paraissait juste et plus que fondée, cependant, je lui répondis : " Vous m'êtes utile car vous m'enseigner la patience, la compassion, l'attention, la douceur et mille choses encore que naturellement je n'ai pas, et vous, vous apprenez l'abandon, la confiance, le don de soi, le lâcher prise… vous amassez un trésor pour le ciel et c'est peut-être ce que Dieu veut pour vous, pour nous ! "

Dès cet instant, notre relation de soignante à soignée s'enracina dans une profonde complicité, nous avions pris conscience l'une et l'autre de notre complémentarité. Ensemble, nous avons décidé de faire confiance au chemin de croissance proposé par notre Jardinier Commun, ensemble nous avons dit fiat à la vie, quelle qu'elle soit ! Fleurs nous sommes, fleurs nous resterons tant que Le Seigneur le décidera… Il sera toujours temps de nous laisser cueillir !

Vie-Eve (23/04/2008)

MAINTENANT ET A L'HEURE DE LA MORT

Des sillons creusent son front, son regard semble flou comme perdu dans un océan qu'elle seule distingue. Sa bouche se pince chaque jour davantage, ses lèvres charnues il y a peu, n'ont de présence qu'un trait rosé qui dénote avec la pâleur de son teint.
Sa main fanée, sèche, s'est refermée sur un chapelet fictif, parfois elle égrène des prières que plus personne n'entend car plus aucun son, ni même un gémissement ne sort de sa gorge. Deux creux osseux ont remplacé ses belles pommettes qui se sont décharnées. Sa tête s'est raidie sur son oreiller tout comme son corps qui s'est arque bouté dans une ultime posture. Maria s'en va. Elle vit ses derniers jours, ses dernières semaines.
Mes soins, mes attentions la ramènent doucement au monde des vivants. Je lui parle à fleur d'oreilles pour ne pas troubler son incessante méditation silencieuse. Tous mes gestes sont comme suspendus en un ralenti virtuel, je la soulève avec d'infinies précautions pour lui faire boire quelques gorgées. Je la tourne en la portant de tout son long dans mes bras pour la changer. Mon Dieu comme je la sens fragile, vulnérable, sensible et comme je me sens responsable de ce corps, de cette vie qui s'en va.
Maria est une prématurée de 94 ans qui va bientôt sortir de sa couveuse pour partir vivre son éternité, une vie sans assistance, une vie de liberté, de joie, d'amour permanent. Elle attend juste que Jésus ouvre la porte invisible et la prenne par la main pour la conduire vers la Lumière.
Etrangement, plus Maria est fragile, affaiblie, plus ma tendresse grandit, plus mon amour pour cette femme sur le départ se densifie. Près d'elle, c'est déjà un sentiment d'Absolu que je ressens, comme une infinie plénitude qui l'habite déjà.
Maria laisse derrière elle toute son histoire, toute sa vie de femme travailleuse, volontaire. Elle abandonne tout pour ne se laisser remplir que de l'essentiel. Derrière une apparence passive, je devine sa quête continue d'absolu.
Mystère d'une longue vie de 94 années faite de joies, de peines, de hauts, de bas, de tout et de rien, de prières, de foi, de doutes… qui, comme toute vie, s'achève. En la regardant elle et tous les autres qui abordent le dernier virage de leur passage sur terre, je pense à Marie. Marie qui accompagna Jésus de sa naissance à sa " Renaissance ", en passant par cette ultime étape qu'est le don de soi, le don de sa vie. Personne n'y échappe, tous nous partirons mais tous ne seront pas préparés à ce don total, radical de soi-même… et pourtant nul n'est sensé ignorer l'issue de chaque vie.
En récitant près de Maria des " je vous salue Marie ", le " maintenant " (et à l'heure de notre mort) prenait tout son sens dans cette perpétuelle préparation que nous pouvons tous avoir. " Le maintenant " englobe tous les " maintenant " de la vie, ceux inattendus, soudains tout comme ceux qu'on sait inéluctables quand l'âge est avancé…
Si tous nous savons que nous mourons un jour, personne ne sait quand. Il n'est donc pas vain de prier Marie, Porte du Ciel, chaque jour, tout au long même des heures, pour être toujours prêts à ce grand don de nous-mêmes !

(Vie-ève 27.05.2008)